«Mon fils était au sommet du monde» : un jeune financier, une aspirante infirmière... Qui sont les victimes de l’attaque terroriste à la Nouvelle-Orléans ?

Les parents de Matthew Tenedorio avaient dîné avec leur fils le soir du 31 décembre. Après avoir promis à sa mère qu’il lui enverrait un message pour la rassurer en fin de soirée, il a rejoint sa bande d’amis en centre-ville. Vers 3h15 du matin, dans une scène de chaos effroyable, il est tué. Sa mère aura attendu son texto, en vain. Matthew est l’une des quinze victimes de Shamsud-Din Jabbarle conducteur du pick-up texan qui était «déterminé à faire un carnage». Les personnes fauchées par le véhicule sont toutes plutôt jeunes et étaient venues, comme Matthew, fêter la nouvelle année dans les bars de la très fréquentée Bourbon Street.

  • Martin Bech, 27 ans, un jeune cadre dans la finance à New-York, «au sommet du monde», selon sa mère

Martin Bech est décédé à l’hôpital mercredi matin. Il était un ancien joueur de football vedette du lycée catholique St Thomas More de Lafayette et s’était aussi fait remarquer dans ce domaine à l’université de Princeton. C’est là qu’il avait obtenu son diplôme en finances, en 2021. Il travaillait depuis un an dans une société de courtage de New York. Il était venu à la Nouvelle-Orléans pour passer un long week-end de chasse et de pêche avec ses amis et devait rentrer à New-York mercredi. Son frère cadet, Jack, également joueur de football américain à un bon niveau à l’université catholique du Texas a publié un hommage sur le réseau social X : «Tu m’as inspiré chaque jour et tu continueras à le faire à chaque instant.» Selon sa mère, Michelle Bech, contactée par ABC News, il était ces temps-ci en pleine réussite personnelle et «au sommet du monde»

Martin Bech était censé rentrer à New-York mercredi après un long week-end entre amis. Michelle Bech

  

  • Matthew Tenedorio, 25 ans, «celui qui mettait de la vie dans la pièce», selon sa mère

Matthew Tenederio était technicien en fibre optique et travaillait notamment au Caesar Superdome, le stade emblématique du centre de La Nouvelle-Orléans. Sa mère, Cathy, contactée par ABC News décrit son fils comme celui qui mettait «de la vie dans la pièce». Interrogée sur ce qui lui manquera, elle répond : «Tout. Son beau visage, son rire. Ses “Je t’aime maman”. C’était juste un fils merveilleux.» Ses parents avaient vu Matthew pour la dernière fois quelques heures avant le drame, lors d’un dîner de réveillon, avant qu’il rejoigne ses amis pour la soirée. «Avant qu’il parte, je lui ai demandé de m’envoyer un message quand il rentrait à la maison. Ce message n’est jamais arrivé.» Ses amis auraient perdu sa trace dans une scène de chaos infernale, alors que Shamsud-Din Jabbar tirait des coups de feu vers les policiers.

Matthew avait dîné en famille avant son réveillon entre amis dans la Bourbon Street. Photo de Cathy Tenederio

  

  • Ni’Kyra Cheyenne Dedeaux, 18 ans, une aspirante infirmière sortie en ville à l’insu de ses parents

Surnommée «Biscuit» par ses proches, la jeune fille de 18 ans passait le nouvel an avec son cousin, malgré l’interdiction de sa famille qui lui refusait ce genre de sorties. Interrogée par le New York Times , sa grand-mère, Jennifer Smith, affirme que si avait eu connaissance de ce projet festif, elle en aurait «dissuadé» sa petite fille. «Surtout pendant les périodes de vacances.» Ni’Kyra s’apprêtait à entrer au Blue Cliff College, un établissement technique comptant plusieurs campus en Louisiane. Elle devait y entamer des études pour devenir infirmière, comme sa mère et sa grand-mère avant elle. Décrite comme très proche de sa famille, la jeune fille avait cinq frères et sœurs. Sa mort est survenue le lendemain de l’anniversaire de la mort de son grand-père. «C’est difficile de croire qu’elle est partie», se lamente sa grand-mère. Sur Facebook, sa cousine Melissa a exprimé toute sa détresse : «Quand tes parents disent de ne pas aller quelque part, écoute-les s’il te plaît... Maintenant mon bébé est parti, elle n’est plus avec nous. Priez pour moi et ma famille. Mon Dieu, j’ai besoin de toi maintenant.»

Ni’Kyra était sortie à l’insu de ses parents. Facebook Melissa Dedeaux

  

  • Nicole Perez, une mère célibataire, récemment promue responsable d’une épicerie

Nicole Perez élevait seule son fils de 4 ans, Melvin. Elle avait été récemment promue au poste de directrice d’une épicerie-traiteur à La Métairie. «Elle était très enthousiaste d’avoir eu cette promotion. Elle a appris vite et voulait juste réussir», affirme la propriétaire de l’établissement, contactée par l’agence Associated Press. Le petit Melvin venait régulièrement passer du temps dans le magasin, où travaillait aussi la sœur de Nicole. Lors de ses pauses, sa mère lui faisait parfois la lecture.

Nicole Perez faisait parfois venir son fils de 4 ans dans l’épicerie où elle travaillait. Collection de Kimberly Usher

  

  • Kareem Bawadi, 18 ans, un étudiant fraîchement diplômé du lycée épiscopal de Bâton Rouge

Le jeune homme avait été diplômé en 2024 du lycée épiscopal de Bâton Rouge, la capitale de l’État de Louisiane, selon la chaîne de télévision WAFB. Il devait poursuivre ses études à l’université d’Alabama, à 5h de route. Son père, Belal, a annoncé son décès sur sa page Facebook : «C’est avec beaucoup de tristesse et de chagrin que je vous annonce la nouvelle du décès de mon fils, Kareem Bilal Badawi, parti aujourd’hui dans la matinée des suites d’un tragique accident à la Nouvelle-Orléans. Nous demandons à Allah le Tout-Puissant de lui accorder sa miséricorde et de nous donner la patience et la force pour surmonter notre peine.» La directrice du lycée épiscopal a publié une lettre après avoir appris la triste nouvelle : «En tant que communauté épiscopale, nous sommes appelés à nous soutenir les uns les autres dans les moments de grande tristesse.» 

Kareem devait aller étudier en Alabama, l’Etat voisin de la Louisiane. Facebook Belal Bawadi
  • Hubert Gauthreaux, 21 ans, «un garçon si doux et attentionné»

Le jeune homme de 21 ans était diplômé depuis 2021 d’une école archidiocésaine de Marrero, en Louisiane. Sa mère Rami, très active sur Facebook, avait fait une publication pour son anniversaire en juin 2024. Elle décrivait son fils comme «un jeune homme doux et attentionné». Avant de conclure : «Je suis tellement heureuse de te voir grandir et d’avoir été choisie pour être ta mère.» Lors de l’obtention du diplôme d’Hubert en 2021, elle clamait déjà son amour, «à l’infini et au-delà» et écrivait : «J’ai hâte de voir ce que ton avenir me réserve.»

Hubert faisait l’admiration et la fierté de sa mère, Rami. Facebook Rami Gauthreaux

  

  • Reggie Hunter, 37 ans, un père de famille dont la mère avait déjà été tuée il y a 8 ans

Quelques heures avant sa mort, Reggie Hunter écrivait sur un groupe Whatsapp familial : «Hey, le Sugar Bowl c’est demain. Et ce soir, c’est le réveillon du Nouvel An. Allons en ville faire quelque chose de simple. Cousin, tu m’emmènes ?» Une fois en centre-ville avec son cousin Kevin, il souhaite la bonne année à ses proches. Vers 3h15 du matin, Reggie Hunter est percuté à mort, son cousin, grièvement blessé. Ce directeur d’un entrepôt logistique depuis six ans était père d’un garçon de 12 ans et d’un bébé de 18 mois. Il était né en Californie mais avait majoritairement vécu dans le quartier du Bâton Rouge, à la Nouvelle-Orléans. Sa cousine, Shirell Jackson a publié un texte sur Facebook, évoquant «un coup de poing dans le ventre» en ce 1er janvier. «Je suis heureuse de t’avoir serré dans mes bras et embrassé lors de la nuit de Noël», écrit-elle, racontant qu’ils ont passé cette soirée à faire jeux de société en famille. Coïncidence tragique : la mère de Reggie, Youlanda Hunter, avait été tuée en 2016 à l’âge de 49 ans, dans le cambriolage de la salle de fêtes où elle travaillait.

Reggie Hunter et sa mère, Youlanda, tuée elle aussi en 2016. Facebook de Shirell Jackson, la cousine de Reggie