Un détour comme une preuve des tensions diplomatiques. Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a emprunté jeudi un itinéraire de vol inhabituel pour se rendre à New York, contournant l'espace aérien de plusieurs pays d'Europe centrale et du Nord, en route vers l'Assemblée générale des Nations unies.
Si la France avait approuvé une demande israélienne d'utiliser son espace aérien, comme l'a confirmé une source diplomatique française à l'AFP, les données publiques de suivi de vol ont pourtant montré que l'avion du Premier ministre avait choisi d'emprunter un autre itinéraire, plus au sud.
La crainte d'un atterrissage d'urgence
Sur la carte de Flightradar, le site de suivi de vol en temps réel, le Wing of Zion, l'avion du gouvernement israélien, a d'abord brièvement survolé le territoire grec au sud d'Athènes, puis l'Italie au niveau de Messine, la Sardaigne avant de piquer à travers la Méditerranée jusqu'à Gibraltar et d'entamer sa traversée de l'océan en direction New York.
Un détour pour le Boeing 767, immatriculé 43X-ISR, qui visait, selon la presse israélienne, à éviter les pays signataires du Statut de Rome, susceptibles d'appliquer un mandat d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) en cas d'atterrissage d'urgence. En novembre 2024, la CPI avait émis des mandats d'arrêt à l'encontre de Benyamin Nétanyahou et de l'ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés dans la bande de Gaza.
Une "immunité" ?
Pour économiser le carburant de ce vol rallongé, l'avion a donc volé à moitié vide. La presse israélienne explique que c'est pour cela que Benyamin Nétanyahou n'a pas souhaité embarquer avec lui, contrairement à d'habitude, des journalistes pour le suivre lors de son voyage diplomatique aux Etats-Unis.
Ce n'est pas la première fois que le Premier ministre survole pourtant la zone : en février ou en avril 2025, des voyages similaires avaient eu lieu entre Tel-Aviv et Washington. En avril, le ministère des Affaires étrangères français avait estimé dans un communiqué qu'une "immunité" pouvait s'appliquer dans "les Etats non parties à la CPI". Ce qui est le cas d'Israël. "De telles immunités s'appliquent au Premier ministre Nétanyahou et aux autres ministres concernés et devront être prises en considération si la CPI devait nous demander leur arrestation et remise", avait alors invoqué le Quai d'Orsay, rappelant "l'amitié historique qui lie la France à Israël".