Près d’un mois après les faits, Nicolas Pallin ne décolère pas. Le 20 mars dernier, son cochon domestique, Georges, a été tué par un chasseur à «60 mètres» de sa maison, située dans le hameau du lieu-dit Les Andrauts à Lacanau. Une distance contestée par le chasseur, auteur du tir. «J’étais à l’intérieur quand j’ai entendu un coup de fusil très fort en comparaison à d’habitude. Je suis sorti de la maison et j’ai vu un chasseur près de sa voiture qui rangeait son fusil», décrit au Figaro le propriétaire de l’animal. Rapidement, le trentenaire s’aperçoit que Georges, couché sur le flanc, est blessé. «Le cochon a pris une balle de carabine en plein dans la gorge. Il n’a pas pu faire 500 mètres (comme le chasseur le prétendrait, NDLR) pour mourir à côté de la maison», constate alors Nicolas Pallin.
Et c’est ce qui met le plus en colère le maître de Georges, pourtant loin d’être opposé à la chasse qu’il estime notamment nécessaire à la régulation des populations de sangliers, très nombreux à Lacanau. Mais pour Nicolas Pallin, l’accident de chasse, dont son cochon a été victime, est loin d’entrer dans le cadre d’une chasse «raisonnée et intelligente» qui «respecte les animaux».
«Déjà, Georges était un cochon vietnamien. Il était roux et il ne ressemble pas à un sanglier», avance-t-il. Et d’ajouter : «Cette personne n’est pas un chasseur, c’est un viandard. Il a vu le cochon et il a tiré sans réfléchir. Et c’est d’autant plus grave qu’il n’a pas reconnu ce sur quoi il tirait et qu’il était beaucoup trop proche des maisons. Le pas de tir, c’est quand même la première chose que l’on apprend au permis de chasse.»
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Une plainte déposée
Dans la plainte qu’il a déposée le jour même, dont nous avons eu copie, Nicolas Pallin assure que le chasseur a d’abord reconnu les faits en assurant avoir «confondu le cochon avec un sanglier». Puis, à l’arrivée des gendarmes peu après, ce dernier aurait contesté le lieu d’où il a tiré. L’association communale de chasse agréée (ACCA) de Lacanau, qui organisait une battue ce jour-là, refuse de commenter les faits alors qu’une enquête de gendarmerie est en cours. «Sur la proximité du tir, sur laquelle je ne peux pas me prononcer car je n’étais pas sur les lieux, je comprends les arguments de Monsieur Pallin», concède toutefois Corinne Fritsch, la présidente de l’ACCA. Avant de souligner : «Ce cochon est un animal hybride de races croisées qui ressemblait beaucoup à un sanglier. Il aurait dû être dans un espace clos et non divaguer dans la forêt.» Cette dernière, qui a annulé la dernière battue de la saison le temps que les esprits se calment, attend par ailleurs une décision de justice pour sanctionner d’une amende le chasseur concerné, s’il était reconnu coupable.
Nicolas Pallin, qui est la troisième génération de sa famille à habiter dans ce hameau et à cohabiter avec les chasseurs, nous assure qu’un tel accident n’était jamais arrivé ces dernières décennies. Il n’a toutefois pas l’intention de racheter un cochon domestique. «C’était le rêve de ma sœur. Quand on a dit à sa fille, ma nièce de 10 ans, que son cochon était mort, cela a été un drame», confie-t-il, d’autant plus navré que George a été tué à la fin de la saison de chasse.