Les alliés européens se montrent unis, Paris et Londres évoquent une trêve partielle en Ukraine

Resserrer les rangs. Les alliés européens se sont entretenus dimanche 2 mars à Londres et ont affiché leur engagement à soutenir Kiev et à se réarmer face à la Russie. Paris et Londres ont par ailleurs proposé une trêve partielle d'un mois en Ukraine.

Il s'agit d'une trêve "dans les airs, sur les mers" et concernant les frappes sur "les infrastructures énergétiques", a affirmé dans la soirée au journal Le Figaro le président français Emmanuel Macron, qui n'avait pas pris la parole publiquement à Londres.

L'avantage d'une telle trêve, qui exclut les opérations terrestres, c'est qu'"on sait la mesurer" alors que le front est immense, "l'équivalent de la ligne Paris-Budapest", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer avait réuni dimanche à Londres le président ukrainien Volodymyr Zelensky et une quinzaine de dirigeants européens alliés de Kiev ainsi que la Turquie, le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte, et le Premier ministre canadien, Justin Trudeau.

Keir Starmer a souligné qu'"un certain nombre de pays" avaient dit vouloir rejoindre "une coalition des bonnes volontés" pour défendre un futur accord de paix.

Des "conversations franches" entre "partenaires"

La réunion se voulait une occasion pour les alliés de Kiev de resserrer les rangs et d'apporter leur soutien à Volodymyr Zelensky, 48 heures après sa vive altercation avec son homologue américain Donald Trump à la Maison Blanche.

Ce dernier lui avait reproché de "s'être mis en très mauvaise posture" et lui avait ordonné de faire la paix avec la Russie, faute de quoi les États-Unis le laisseraient "tomber". L'accord sur une exploitation des minerais ukrainiens par les États-Unis, qui devait être signé à cette occasion, ne l'a finalement pas été.

Interrogé dimanche à Londres sur la façon dont il avait été rudoyé en mondovision dans le Bureau ovale, Volodymyr Zelensky a déploré le "format" médiatique donné par la Maison Blanche à son entretien avec les dirigeants américains.

"Les conversations franches entre partenaires sont importantes et constructives, et doivent avoir lieu", a-t-il souligné. Mais il n'est "pas bon" qu'elles soient ouvertes à tous car sinon elles peuvent être "exploitées par des non-amis".

Volodymyr Zelensky, qui a également été reçu dimanche par le roi Charles III, s'est toutefois redit prêt à signer l'accord sur les minerais "si toutes les parties sont prêtes". Kiev exige notamment des garanties de sécurité en cas de cessez-le-feu.

Ses alliés réunis à Londres ont, eux aussi, souligné le besoin de "garanties de sécurité globales" pour l'Ukraine, a rappelé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

"L'Europe doit faire le gros du travail, mais pour défendre la paix sur notre continent, et pour réussir, cet effort doit être fortement soutenu par les États-Unis", a renchéri Keir Starmer.

Ursula von der Leyen a dit vouloir présenter "un plan global sur la manière de réarmer l'Europe" lors d'un sommet spécial de l'UE prévu jeudi à Bruxelles. "Nous devons urgemment réarmer l'Europe", a-t-elle martelé.

"Davantage de pays européens vont augmenter leurs dépenses de défense", a assuré Mark Rutte, saluant une "très bonne nouvelle".

Éviter que l'Occident ne "se divise"

Assis aux côtés du président ukrainien lors de la réunion, Keir Starmer a assuré celui-ci du soutien, "aussi longtemps qu'il le faudra", de tous les dirigeants assis "autour de cette table".

Étaient notamment présents le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz, et les chefs de gouvernement italien Giorgia Meloni et polonais Donald Tusk.

L'Ukraine est "victime des agressions russes, et cette vérité demeure inébranlable pour tous", a martelé Olaf Scholz, dont le pays est le deuxième fournisseur d'aide à Kiev depuis l'invasion russe, derrière les États-Unis, avec un total de 44 milliards d'euros.

Face au président russe Vladimir Poutine, il s'agit d'envoyer le message "que l'Occident n'a pas l'intention de capituler devant son chantage et son agression", a déclaré de son côté Donald Tusk.

Il est "très important d'éviter" que l'Occident "se divise", a convenu la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, réputée proche de Donald Trump.

"Les dirigeants européens ont décidé aujourd'hui à Londres de poursuivre la guerre au lieu d'opter pour la paix", a pour sa part critiqué dimanche soir sur X le Premier ministre hongrois prorusse, Viktor Orban, qui n'était pas convié à la réunion de Londres.

Une forte pression de la part de Washington 

Washington a encore fait monter la pression dimanche sur Volodymyr Zelensky, en laissant planer l'idée qu'il pourrait devoir partir. "Nous avons besoin d'un dirigeant qui peut traiter avec nous, traiter avec les Russes à un moment et mettre fin à cette guerre", a déclaré, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, Mike Waltz.

Washington et Moscou, qui se réjouit du changement radical de la politique américaine, ont entamé le mois dernier - sans inviter l'Ukraine ni les Européens- , des négociations pour mettre fin à la guerre, dont le président américain refuse de considérer Moscou comme responsable.

Keir Starmer a par ailleurs annoncé un nouvel accord qui permettra à Kiev d'acheter 5.000 missiles de défense aérienne pour un montant de 1,6 milliard de livres sterling (1,94 milliard d'euros).

Samedi, le Royaume-Uni avait signé un accord de prêt de 2,26 milliards de livres (près de 2,74 milliards d'euros) pour soutenir les capacités militaires ukrainiennes.

Avec AFP