Budget 2025: indigné par les coupes budgétaires aux collectivités, le maire de Verdun appelle les élus locaux à démissionner

Maire divers gauche de Verdun depuis dix ans, Samuel Hazard dit stop. Ce jeudi 10 octobre, le gouvernement a dévoilé son projet de loi de finances 2025. Dans celui-ci, des coupes budgétaires de 5 milliards d’euros sont prévues pour les collectivités locales, c’est-à-dire les mairies, les départements et régions, parmi les 60 milliards d’euros d’économies envisagées. Le gouvernement a annoncé prévoir notamment, une réduction du fonds de compensation pour la TVA, une dotation versée aux collectivités locales. Pour l’édile de la Meuse, c’en est trop. Dans un article de l’Est Républicain  publié ce jeudi 10 octobre, Samuel Hazard s’est dit «prêt à démissionner» pour faire entendre sa colère. Il appelle les autres élus locaux à faire de même.

L’édile de Verdun a adressé un courrier à l'Association des maires de France ainsi qu'à Intercommunalités de France (fédération nationale des métropoles, agglomérations, communautés urbaines et communautés de communes). «Tout en s'inscrivant dans le respect des institutions, je vous propose des actions à haute portée symbolique. À ce titre, une démission généralisée des assemblées locales pourrait constituer une interpellation majeure du gouvernement sur la gravité des mesures envisagées», écrit le maire de Verdun. 

Pour ce dernier, cette menace est surtout un moyen d’enfin faire entendre le mécontentement des élus locaux. «Nos courriers ou missives envoyées n’obtiennent jamais d’accusé de réception, jamais de réponse. C’est un réel mépris de l’État. On nous parle de 5 milliards d’euros, mais André Laignel, président du Comité des finances locales, parle même de plus de 9 milliards d’euros. Alors que les collectivités sont responsables de 0% du déficit...», partage au Figaro Samuel Hazard. Avant de poursuivre : «Je souhaite fédérer auprès d’associations d’élus. Il faut une prise de conscience de chacun. L’idée n’est pas de démissionner seul, mais de mobiliser différents élus locaux avec un certain courage politique, pour qu’il y ait un véritable électrochoc». L’édile n’envisage pas d’autre solution pour faire entendre la voix des élus. «Manifester, c’est bien, mais ça aboutirait à quoi ? Rien ne sera corrigé, ou alors à la marge. La menace de démission est notre seule issue», confie-t-il. 

Les maires «comprennent» la démarche

Un avis partagé par certains élus, tels que Patrick Lorans, maire (SE) d’Haudainville, commune située à 7 km de Verdun. «Nous partageons la position de Samuel Hazard en tant que maire de la communauté d’agglomération qui regroupe une vingtaine de villages. Nous sommes prêts à le suivre», affirme-t-il. Pour l’heure, seuls les édiles de la Meuse ont indiqué à Samuel Hazard leur soutien. «Peut-être que cela va s’accélérer au fil des jours et que j’aurais d’autres retours de maires d’autres régions», note le maire de Verdun. 

David Lisnard, président de l'AMF et maire de Cannes, comprend également le ras-le-bol de Samuel Hazard. «Je ne sais pas si c’est une bonne solution, il faut en discuter. Mais les élus ont besoin d’être entendus. Nous alertons depuis des années, rien n’est fait. Nous avons 40 démissions de maires par moi. C’est deux fois plus que la décennie précédente. Je reçois des centaines d’appels et de SMS de maires ces derniers jours. La situation est exaspérante pour les élus. On a 35.000 communes, mais un seul État, et il est mal géré», partage-t-il au Figaro. Pour le président de l’AMF, plusieurs pistes doivent être envisagées pour soulager le système, telles que «la suppression d’obligations des collectivités». «Il faut en finir avec le régime des technocrates. Nous devons réarmer les préfectures et sous-préfectures, recréer de la démocratie locale pour rendre les dépenses publiques productives, et cesser les procédures avec l’État qui durent des années et font perdre trop d’argent», conclut David Lisnard.

Une initiative discutée la semaine prochaine

D’autres élus locaux ont également eu l’occasion de donner leur son de cloche. Sébastien Martin, président d’Intercommunalités France, indique «comprendre la décision de Samuel Hazard, en réponse à une annonce brutale du gouvernement». Les présidents d’intercommunalités se réuniront la semaine prochaine au Havre. L’occasion pour les 2000 élus présents d’évoquer la situation. «Je proposerai une action collective pour faire bloc et trouver des solutions», poursuit Sébastien Martin. 

Contactée, l’association Départements de France n’a quant à elle pas souhaité commenter l’initiative de Samuel Hazard, qu’elle estime «personnelle». L’association Régions de France n’a quant à elle pas donné suite à nos sollicitations.