Ce que l'on sait des frappes meurtrières israéliennes au Liban, après des tirs de roquettes sur l'Etat hébreu

Beyrouth met en garde contre le risque d'une "nouvelle guerre". Les dirigeants libanais ont dénoncé, samedi 22 mars, une agression israélienne "continue" contre leur pays, après des tirs israéliens sur leur territoire. Samedi, des roquettes ont été tirées du Liban vers Israël : il s'agit des premiers projectiles (roquettes ou drones) tirés depuis le Liban et traversant la frontière jusqu'en Israël depuis le 26 novembre 2024, a précisé l'armée israélienne à l'AFP.

Tel-Aviv a répliqué en menant des frappes et des tirs d'artillerie dans plusieurs villages du Sud-Liban qui ont fait au moins deux morts, dont une enfant. Franceinfo fait le point sur ce regain de tensions. 

Israël accuse le Liban de tirer des roquettes et réplique 

Samedi matin, les sirènes d'alerte ont retenti à Metula, un village du nord d'Israël proche de la frontière libanaise. L'armée de l'air israélienne a intercepté trois de six roquettes tirées du sud du Liban vers la région de la Galilée (Nord), selon un responsable. Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a aussitôt ordonné à l'armée de frapper des "cibles terroristes" au Liban, où une guerre avait opposé de septembre à novembre 2024 Israël au Hezbollah, sorti très affaibli de ce conflit. 

L'armée israélienne a annoncé ensuite avoir ciblé "des dizaines de lanceurs de roquettes et un centre de commandement d'où opéraient des terroristes du Hezbollah" dans le sud du Liban. Selon l'agence nationale d'information libanaise ANI, citant le ministère de la Santé libanais, au moins deux personnes, dont une enfant, ont été tuées et huit blessées dans l'une des frappes dans la localité de Touline.

Le Hezbollah dément "toute implication"

Le Hezbollah libanais, pro-iranien, a nié toute responsabilité dans les tirs de roquettes qui n'ont pas été revendiqués. "Les allégations de l'ennemi israélien s'inscrivent dans le cadre des prétextes pour poursuivre ses attaques contre le Liban, qui n'ont pas cessé depuis l'annonce du cessez-le-feu", détaille un communiqué.

L'armée libanaise a annoncé, après les tirs, avoir démantelé "trois rampes de lancement de roquettes artisanales dans une zone située au nord du fleuve Litani", à quelque trente kilomètres de la frontière israélienne. "Les forces militaires continuent de prendre les mesures nécessaires pour contrôler la situation dans le Sud", ajoute l'armée dans un communiqué.

Des frappes près de quatre mois après le cessez-le-feu signé fin novembre

Un accord de cessez-le-feu avait mis fin, le 27 novembre, à deux mois de guerre ouverte entre l'Etat hébreu et le Hezbollah. Les deux camps s'accusent néanmoins mutuellement de violer régulièrement la trêve. 

Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a mis en garde "contre le risque que les opérations militaires reprennent à la frontière sud. Cela pourrait entraîner le Liban dans une nouvelle guerre, aux conséquences désastreuses". Il a ajouté avoir contacté le ministre de la Défense, "afin de garantir que seul l'Etat a le pouvoir de décider de la guerre et de la paix".

En septembre 2024, les hostilités transfrontalières avaient dégénéré en guerre ouverte avec des bombardements israéliens massifs au Liban, notamment sur les fiefs du Hezbollah, jusqu'au cessez-le-feu. Après le début des tirs de roquettes par le Hezbollah dans la foulée de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, environ 60 000 habitants ont fui le nord d'Israël, dont une partie seulement sont rentrés depuis le début de l'année 2025 après le feu vert des autorités.

Côté libanais, plus d'un million de personnes ont fui le sud du pays, et environ 100 000 sont toujours déplacées, selon l'ONU. Aux termes de l'accord de cessez-le-feu conclu sous l'égide des Etats-Unis, Israël devait se retirer du sud du Liban, où seuls l'armée libanaise et les Casques bleus de l'ONU devraient être déployés.

Les Nations unies "préoccupées" 

La Force intérimaire des Nations unies au Liban s'est dite samedi "préoccupée par la possible escalade de la violence". "Nous exhortons toutes les parties à éviter de compromettre les progrès réalisés, surtout lorsque des vies civiles et la stabilité fragile observée ces derniers mois sont en jeu", ajoutent les Casques bleus basés dans le sud du Liban, dans un communiqué. Et de prévenir : "Toute nouvelle escalade de cette situation explosive pourrait avoir de graves conséquences pour la région"