Droits de douane : les marchés sous le choc après l’offensive de Donald Trump

Les États-Unis imposeront dans les prochains jours des droits de douane réciproques par pays, avec un plancher à 10 %. Les produits en provenance d’Europe supporteront des taxes douanières de 20 %, et ceux en provenance de Chine 54 % au total. Un véritable coup de massue pour les investisseurs qui ont longtemps voulu croire que Donald Trump bluffait avec ses menaces de guerre commerciale.

Après le discours du président américain, Wall Street a immédiatement piqué du nez dans les échanges électroniques. Le Dow Jones chutait de 2,40%, l’indice Nasdaq de 4,25% et l’indice large, le S&P 500 de 3,40%. La Bourse de Tokyo a chuté de plus de 4% peu après l’ouverture, avant de modérer ses pertes. L’indice vedette Nikkei perdait 3,35% à 34.531 points et l’indice élargi Topix 3,61% à 2.554 points en fin de séance. Les groupes exportateurs buvaient la tasse, à l’image du spécialiste des jeux vidéo Nintendo, qui s’est momentanément effondré de 6%, avec des inquiétudes sur sa nouvelle console Switch 2 produite notamment au Vietnam et au Cambodge. Alors que des surtaxes américaines de 25% ciblant les importations automobiles sont entrées en vigueur dès ce mercredi, les constructeurs nippons étaient aussi à la peine.

Les marchés chinois souffraient également. À Hong Kong, l’indice Hang Seng chutait de 2,10%. L’indice de la Bourse de Shanghai cédait 0,42% et celui de Shenzhen 1,39%. «Il s’agit d’une frappe coordonnée sur la majeure partie de l’économie mondiale, et la réaction des marchés est justifiée. Les États-Unis ont mis à mal ce qui restait du multilatéralisme et ouvert la voie à des représailles», souligne Stephen Innes, de SPI Asset Management.

Wall Street, première victime de la guerre commerciale

Wall Street réagira dans l’après-midi aux mesures annoncées par Donald Trump mercredi soir, «jour de la libération». La Bourse de New York est déjà la principale victime de la politique menée à Washington. Le marché américain avait d’abord salué avec ferveur la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle de début novembre. Les promesses de dérégulation et de baisse des impôts du milliardaire avaient galvanisé les investisseurs et propulsé les marchés américains à des sommets historiques. Avec les prémices de la guerre commerciale en février, l’ambiance s’est considérablement dégradée et la Bourse de New York a fait volte-face.

Wall Street est en effet en première ligne face à la guerre commerciale engagée par le président des États-Unis. Depuis son pic de fin février, le Standard & Poor’s 500 a ainsi perdu près de 9 % et le Nasdaq plus de 13 %. L’indice des valeurs technologiques est particulièrement affecté par le bras de fer engagé par les États-Unis avec ses partenaires commerciaux. Les fleurons du Nasdaq, les fameux «7 magnifiques» (Apple, Nvidia, Microsoft, Meta, Amazon, Google et Tesla), chèrement valorisés et résolument tournés vers l’international, qui tiraient les marchés américains vers le haut depuis des années, sont les premières victimes de la politique menée par l’administration Trump. Tesla est emporté dans une véritable spirale baissière. Depuis son sommet du mois de décembre dernier, le titre a perdu près de la moitié de sa valeur. La personnalité d’Elon Musk et son action au sein de l’Administration Trump rebutent les investisseurs et les ventes du constructeur piquent du nez.

Ruée sur les valeurs refuge

Certains veulent croire à des jours meilleurs et s’accrochent à l’idée d’un nouveau virage à 180 degrés de Donald Trump. «Le point positif pour les investisseurs pourrait être qu’il ne s’agit que d’un point de départ pour les négociations avec d’autres pays» estiment les spécialistes de Northlight Asset Management.

En attendant les investisseurs se ruent sur les traditionnelles valeurs refuge. L’once d’or a battu en début de matinée un nouveau record historique, à 3.167,83 dollars l’once. Le yen et le franc suisse étaient également propulsés. Le marché obligataire a aussi joué son rôle de valeur refuge: le rendement des emprunts d’État américains à dix ans s’est détendu jusqu’à 4,11% après les annonces de Donald Trump contre 4,17% à la clôture la veille. Les cours du pétrole ont trébuché. Le baril de WTI américain reculait encore de 2,51% à 69,91 dollars et celui de Brent de la mer du Nord de 2,36% à 73,18 dollars.