En1982, Chantal Thomas est une ravissante universitaire. Une photo de sa carte de professeur de l’université de Tucson nous montre ses beaux yeux enjôleurs. Ce détail serait hors de propos si le journal qu’elle tint de son séjour en Arizona ne racontait pas les ravages que ces yeux firent sur la gent de cet État, professeurs, étudiants et autres compagnons de voyage. Celle qui enseignait Marivaux, Diderot et Casanova ne répugnait pas aux travaux pratiques de la séduction et du plaisir: «beauté voyouse», note-t-elle à propos d’un jeune Mexicain qui a sa faveur.
«De quoi est faite l’ardeur de voyager? Sa brûlure?», écrit-elle, comme pour définir sa méthode d’observation et de travail: «De tous les moments sans hiérarchie. De toutes les rencontres.» Elle aime cette vie et ne s’en cache pas dans le journal qu’elle tint et qui paraît ces jours-ci. Elle cherche dans son quotidien la confirmation de ce qu’elle a lu et aimé dans Sur la route, qui est alors son «roman fétiche». Et si elle faisait…