Escroquerie aux aides Covid : à Lyon, une famille jugée pour le détournement d’un demi-million d’euros

Quatre membres d’une même famille d’origine roumaine ont été condamnés à six mois de prison avec sursis chacun et 3000€ d’amendes ce vendredi à Lyon pour avoir indûment perçu des aides Covid pour leur compte et pour celui d’autres personnes durant la pandémie. 

Si les deux parents et enfants n’ont personnellement touché « que » 12.000€ à travers leurs demandes, les espaces fiscaux numériques du père et de la fille ont été utilisés par de très nombreuses personnes, dans la région lyonnaise, la région parisienne et le nord de la France, pour un montant global d’aides Covid demandées de plus de 4,4 millions d’euros et une somme réellement versée par l’administration fiscale d’un peu moins de 600.000 euros. «Il est à noter que le chiffre d’affaires moyen des entreprises qui ont sollicité ces aides est de 606 euros et certaines aucun revenu», a précisé la juge.

Le fonds de solidarité Covid prévoyait une aide pour les entreprises dont le chiffre d’affaires avait baissé d’au moins 50%. « Ce système a été vampirisé par des pirates fiscaux », a déploré le procureur de la république. L’État a demandé aux quatre suspects le remboursement solidaire de l’ensemble des sommes versées via leurs espaces numériques personnels. Soit exactement 583.668 euros.

Des retraits en liquide

Le fils, en plus des 3000€ touchés via l’espace fiscal de sa sœur, a reçu sept autres virements de 1500 euros de la part de l’État et un de 3000 de la métropole de Lyon, sans qu’il puisse en justifier la raison. «Oui j’ai touché cet argent mais je ne savais pas d’où il venait», a tenté de se défendre le jeune homme. «Quand on ne sait pas d’où vient l’argent on ne s’empresse pas de le retirer en espèces», a cinglé en réponse la magistrate. Pas loin de 15.000€ en liquide appartenant au fils ont été saisis au domicile des parents et 9600€ appartenant à la fille ont été trouvés dans le domicile de cette dernière.

«Dans cette affaire on voit que l’État a voulu faire simple, accessible et efficace. Mais cela leur a permis encore plus facilement de spolier son argent pour alimenter des projets en Roumanie ou autres», a déploré le procureur qui a requis des peines allant de huit mois de prison à deux ans dont un avec sursis. L’avocat de la famille a demandé des peines «pédagogiques» autres que la prison. «Il faut se souvenir de la période Covid. Elle a généré beaucoup de fraudes même si cela n’excuse pas leurs comportements. Et nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. Quelque part avec ces aides l’État a acheté la paix sociale», a-t-il plaidé. Les sommes saisis lors des perquisitions ont été saisies. La juge a précisé n’avoir pris une décision que pour les faits dont le tribunal a été saisi. Pour le remboursement des 583.668 euros, une audience aura lieu dans l’année.