"Trump se range du côté d'un bandit" : en Ukraine, la guerre laisse des cicatrices indélébiles

Le troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine arrive, jeudi 20 février, à un moment charnière La reprise du dialogue entre Washington et Moscou coïncide avec une montée des tensions entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky. Si l'on se doutait qu'avec Donald Trump, la situation allait être tendue, personne n'avait imaginé le voir main dans la main avec le Kremlin. 

Depuis son coup de fil d'une heure et demie avec Vladimir Poutine jusqu'à l'attaque contre Volodymyr Zelensky, traité de dictateur et accusé, à mots à peine couverts, d'avoir provoqué la guerre, le président américain a perturbé 80 ans de diplomatie mondiale. Donald Trump annonce vouloir arracher la paix, mais à quel prix ? 

Pour Refat Cubarov, député ukrainien et représentant des Tatars de Crimée, une région annexée par la Russie depuis 2014, le prix de cette paix semble insupportable. "Comment ne pas se sentir trahi lorsque le président d'un État puissant soutient un bandit qui m'a séparé de ma mère âgée de 92 ans ?", s'interroge-t-il. "Si seulement ce n'était que moi, mais des millions de personnes souffrent aujourd'hui de Poutine. Trump ne se range pas du côté de ces millions de gens, il se range du côté d'un bandit." 

La guerre racontée dans les cimetières

Loin des jeux politiques et des grandes déclarations, l'histoire des trois années de guerre se tisse aussi dans les cimetières. Partout  en Ukraine, des drapeaux jaunes et bleus flottent sur les tombes des soldats tombés au front. Ils sont de plus en plus nombreux, au fil des mois de conflit. C'est devant la stèle de son mari, Konstantin, qu'Inna partage son histoire. Venue saluer son héros à sa manière, elle a déposé des tartines de saumon, une boisson et une cigarette sur la tombe de son mari. "Aujourd'hui, ça fait exactement deux ans qu'il est mort. Nous sommes venus lui rendre visite, lui parler, rester près de lui", confie-t-elle, le regard marqué par la douleur. "Nous avons allumé des bougies jaunes et bleues, une cigarette aussi, et versé un verre de vodka sur sa tombe. C'est la coutume en Ukraine pour se sentir proche de lui."

Malgré le temps qui passe, Inna ne parvient pas à guérir de la perte de son mari. "Chaque année, cela devient beaucoup plus difficile. Les enfants sont petits. Quand vous rentrez à la maison, vous espérez un peu qu'il frappe à la porte, qu'il revienne du travail. Malheureusement, ça n'arrive pas." Les parents de Konstantin, résidant dans les territoires occupés à Melitopol, n'ont même pas pu venir enterrer leur fils. 

Si le bilan officiel reste absent après trois ans de combats, les estimations dépassent désormais le million de morts et de blessés.