Ligue des champions : Bayern-PSG, un exploit sinon rien

Efficacité. C’est le maître-mot que les Parisiens devront garder en tête ce mardi (21h), face au Bayern, à l’Allianz Arena, pour le compte de la cinquième journée de Ligue des champions. Un choc en forme de classique européen, sachant que ce sera la 14e confrontation entre les deux clubs. Six victoires pour le PSG, sept pour le Bayern, aucun nul. Vainqueurs face au Pairs Saint-Germain de Thomas Tuchel en finale de C1 en 2020 (1-0), à Lisbonne, grâce à un but de l’ancien titi Kingsley Coman, les Bavarois restent néanmoins sur trois victoires consécutives contre des Parisiens qui ne l’ont emporté que deux fois à Munich. En 1994 grâce à un bijou signé George Weah (0-1), et en 2021, avec un grand Keylor Navas et un immense Kylian Mbappé (2-3).

Un choc en forme de mission impossible aussi. Invaincu en Bundesliga (le classement ici), comme le PSG en Ligue 1 (le classement ici), le «Rekordmeister» reste sur six victoires consécutives toutes compétitions confondues. Et ce sans encaisser le moindre but et en en marquant 16. La dynamique est plutôt bonne pour les hommes de Vincent Kompany… Et ce même s’ils n’ont finalement pris que deux points de plus que le PSG en coupe d’Europe jusqu’ici (2 victoires, 2 défaites, le classement ici).

Le technicien belge semble d’ailleurs avoir trouvé les mots et la méthode pour toucher ses joueurs, qui s’arrachent pour lui. Et même beaucoup plus que pour ses devanciers, si l’on en croit les échos de Bavière... Bonne pioche. Le tout avec un Harry Kane monstrueux, déjà 20 buts et 9 passes en 2024-25. «On sait qu’on va affronter une très belle équipe, avec des joueurs de classe mondiale»résume Vitinha, Luis Enrique estimant que «le Bayern pratique le football qui ressemble le plus (à celui du PSG) en termes d’idée de jeu avec Manchester City». Et d’ajouter : «Le problème, c’est qu’il n’y aura qu’un ballon».

Trois matchs de suite sans victoire en C1

Dans ces conditions, comment imaginer une victoire parisienne en terre allemande ? Ou même un nul ? Il faut effectivement être sacrément optimiste, voire totalement aveuglé, pour y croire sérieusement. Ce serait un exploit. Ce ne serait pas logique. Sauf que si le football était logique, ça se saurait. D’ailleurs, si c’était le cas, le Paris Saint-Germain n’aurait pas amassé que quatre petits points, mais neuf. Après une victoire miraculeuse contre Gérone (1-0) et une défaite en forme d’évidence sur le terrain d’Arsenal (2-0), les joueurs de Luis Enrique ont partagé les points contre le PSV Eindhoven (1-1) et baissé pavillon face à l’Atlético Madrid (1-2). Dans les deux cas, Paris a fait le jeu, eu des occasions, beaucoup d’occasions, et globalement mérité de gagner. Il y a eu ce penalty oublié face aux Néerlandais, tandis que les Espagnols n’ont eu que deux occasions pour deux buts, dont un à la 93e.

«J’ai déjà dit que les résultats étaient injustes (le nul contre le PSV et la défaite face à l’Atlético, NDLR). Mais ils sont ce qu’ils sont. Maintenant, on est obligés de faire des résultats pour nous qualifier. Le nombre de points nécessaires pour passer ? On ne sait pas. Mais on peut dire qu’on s’est compliqué la tâche tout seuls…», analyse le coach parisien

Des statistiques en trompe-l’œil

Un constat qui ne doit pas inviter à penser qu’il n’a manqué que la chance au PSG. Certes, Paris a eu beaucoup d’occasions, de situations, de tirs, de xG. «Le football ne connaît qu’une chose, les buts marqués. Et pour cela, on a encore une marge de progression», explique Luis Enrique en forme de doux euphémisme. Et encore, ces statistiques sont un peu en trompe-l’œil. Beaucoup d’occasions, oui. De grosses occasions, non. En tout cas, la qualité des occasions en question aurait pu être meilleure avec plus de justesse, de qualité, de concentration. Exemple parfait à la fin du match contre l’Atlético, avec Achraf Hakimi qui a frappé en force depuis l’intérieur de la surface. En plein sur Jan Oblak et en angle fermé. C’est une occasion. Mais si le Marocain avait vu l’excellent appel de Randal Kolo Muani au point de penalty, c’était sans doute but. En clair, les Rouge et Bleu doivent gagner en justesse au moins autant qu’en efficacité.

Et ça ne concerne pas que le dispendieux Ousmane Dembélé ou l’inégal Bradley Barcola, brillant en L1, pas en C1. C’est tout le PSG qui doit jouer plus vite, plus intense. Sortir au moins par moments du carcan tactique pesant et inhibant de Luis Enrique. Prendre ses responsabilités. Ne pas attendre d’être dans les six mètres pour tirer. Évidemment, «Dembouz» et Barcola (qui n’a inscrit qu’un but en 14 matchs de C1) ont le droit de marquer quand même… Jusqu’ici, les trois buts parisiens en C1 ont été marqués par un défenseur, un milieu… et le gardien adverse.

Évidemment, on sait qu’on doit gagner, il faut gagner

Vitinha

L’efficacité, la clé du PSG pour rêver à un exploit. Un exploit presque vital, sachant que le «Qatar-SG» pointe à une modeste 25e place au classement synonyme d’élimination. «Évidemment, on sait qu’on doit gagner, il faut gagner. Ce n’est pas décisif parce qu’on ne serait pas éliminé en cas de défaite, mais on veut gagner tous les matchs au PSG. Et celui de demain (ce mardi) n’est pas différent»assure «Viti»

Pas seulement l’efficacité offensive. Sur le plan défensif, les champions de France ont également failli. On l’a dit, deux occasions pour deux buts face à l’Atlético. Le PSV n’avait pas eu besoin de beaucoup plus de munitions. Finalement, Arsenal n’avait pas non plus eu des montagnes d’occasions à l’Emirates Stadium. Mais ça fait mouche quasiment à chaque fois. À force d’avoir la possession du ballon et d’exceller dans le contre-pressing, les Parisiens en oublient de faire le boulot jusqu’au bout. Face à l’Atlético, deux passes, un crochet, un tir, dans la niche. Trop facile.

Ecrire l’histoire et créer la sensation

Une chose est sûre : ce Bayern-PSG n’est pas un test pour les Parisiens. On sait ce qu’ils valent. Et ce qu’ils ne valent pas. Le sacre en «Champions’», ce ne sera pas pour cette année. Ce qu’on peut leur demander, c’est de gagner la Ligue 1, progresser individuellement et collectivement, et sortir avec les honneurs en C1. Ce qui exclut une sortie de piste dès la phase de groupe. «Si le PSG fait encore peur ? J’en suis sûr. Je ne sais pas si vous avez posé la question aux Munichois, mais je suis sûr qu’ils ont beaucoup de respect pour nous. Tout le monde sait qu’on est une très bonne équipe, qu’on a de grands joueurs, un grand entraîneur, une bonne dynamique et qu’on peut faire mal dans cette compétition», note Vitinha.

Que le PSG fasse plus ou moins peur sans des joueurs du calibre de Kylian Mbappé, Neymar, Leo Messi, Edinson Cavani ou Zlatan Ibrahimovic, Marquinhos et consorts ont néanmoins le droit de surprendre, d’émerveiller le temps d’un match, de montrer qu’ils sont sur la bonne voie, d’écrire l’histoire. Pourquoi pas ? S’ils veulent fermer des bouches et gagner là où tout le monde les imagine perdants, c’est le bon moment, le bon endroit. Sinon, ils pourront toujours rêver réalité à Salzbourg, le 10 décembre…