«Ce chat a toujours fait partie de ma vie, c’est lui qui m’a permis de survivre et je suis convaincue qu’il m’a apporté de l’énergie dans ma guérison contre le cancer», témoigne Sophie auprès du Figaro. Depuis plus d’une semaine, cette Varoise de 46 ans pleure la perte de Kiwi, son animal de compagnie âgé de cinq ans et qui l’a accompagné dans toutes les étapes difficiles de sa vie.
«Je sors de deux ans de chimiothérapie pour traiter un cancer du poumon métastasé au foie. J’étais condamnée, on m’avait préparé à la mort et j’ai battu des records», souffle celle qui vient tout juste de reprendre le travail. «Kiwi est un animal très précieux, que j’ai connu alors qu’il n’avait que deux semaines. Il était tout le temps avec moi», décrit la mère de famille, dont l’état de santé est aujourd’hui stabilisé.
Mais le 28 janvier dernier, le chat de Sophie a quitté le domicile familial dans la matinée sans pointer de nouveau le bout de son museau, plongeant rapidement la Varoise dans un état d’inquiétude. «Il n’était pas revenu dans la journée alors que je l’appelais comme d’habitude. J’ai tout de suite compris qu’il y avait quelque chose d’inhabituel», témoigne-t-elle, comme elle l’a déjà fait auprès de nos confrères de Var-Matin et d’Ici Provence .
Fausse image
De quoi motiver la mère de famille à poster plusieurs annonces sur des groupes Facebook dédiés aux animaux disparus. Moins de quelques heures après le dépôt de ces messages, un internaute s’est manifesté en commentaire. Photo à l’appui, ce dénommé «Jean-Marc Deschamps» a directement interpellé Sophie, lui demandant si l’animal immortalisé par le cliché était bien le sien.
Une piste inespérée pour la Varoise, qui s’est empressée de le solliciter via la messagerie privée du réseau social. «Cette personne m’a répondu qu’elle avait vu mon chat en vente sur Leboncoin, me laissant un mail à contacter pour le récupérer», se remémore Sophie en décrivant la suite de ses échanges avec une certaine «Cécile» prétendant avoir «trouvé» le chat, tout en exigeant 300 euros afin de lui céder. «Il a failli se faire taper par une voiture et je l’ai sauvé pour qu’il trouve une bonne famille (sic)», indique dans un message celui qui se révélera être un brouteur.
Ces escrocs qui sévissent en ligne et agissent sous une fausse identité depuis l’étranger font des ravages en France. Ils ciblent en priorité des personnes âgées ou vulnérables qui ne maîtrisent pas forcément les «codes» d’Internet, dans l’objectif de leur soutirer informations et fonds bancaires. En janvier dernier, le cas d’Anne, une mère de famille escroquée par un «faux Brad Pitt», avait ainsi sidéré l’Hexagone. Photomontages de l’acteur prétendument hospitalisé à l’appui, l’escroc lui avait soutiré plus de 800.000 euros en l’espace de quelques mois, prétextant devoir payer des prestations médicales afin de soigner un cancer du rein ou procéder à un lavage d’intestin.
«Elle me demandait une avance de 100 euros à régler par Paypal, ce que je ne comprenais pas puisque je lui proposais une rencontre afin de récupérer Kiwi», détaille la mère de famille, qui n’est pas tombée dans le piège de ces brouteurs exigeant une rançon contre un animal qui en réalité n’existait pas. «La personne a fini par me proposer de réaliser un virement Transcach dans un bureau de tabac. À partir de là, j’ai mis fin aux échanges», souligne Sophie, qui a finalement reçu un appel téléphonique d’un jeune homme lui précisant que tout ceci n’était que le fruit d’une arnaque et qu’il ne possédait pas son animal.
Dénonçant cet échange frauduleux en ligne, la Varoise a intercepté au moins deux témoignages de propriétaires d’animaux approchés par des brouteurs qui disposaient de la même photographie. «À chaque fois, ce sont des propriétaires d’animaux disparus qui ont donné de l’argent après avoir reçu cette fameuse photo. Perdre son chat, c’est déjà bouleversant. Mais le voir sur Leboncoin, c’est le monde à l’envers», peste Sophie, qui devrait bientôt déposer plainte et n’a toujours pas retrouvé son animal de compagnie.