18 heures, aux abords de la place de la Concorde. Un flot de supporters s'avance vers les gradins installés autour de l'obélisque pour la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques . Drapeaux à la main, le visage parfois peinturluré aux couleurs de leur pays, les afficionados du monde entier veulent faire de nouveau la fête pour célébrer les athlètes et le début du deuxième acte des Jeux de Paris 2024. Un spectacle orchestré une nouvelle fois par Thomas Joly qui s'annonce grandiose. Avant de découvrir ce que réserve le chorégraphe au public, certains spectateurs patientent en profitant des lieux d'hospitalité.
Comme lors des Jeux olympiques , la société On Location propose, en effet, des accès premium alliant des places pour assister à la cérémonie à un accueil personnalisé et, ce, durant toute la durée des Jeux paralympiques. En ce jour de cérémonie d'ouverture, une partie des jardins des Tuileries est privatisée. Surplombant la fontaine de l'octogone et face au Jeu de Paume, une avant soirée aux airs de Garden Party bucolique est organisée. Partout les convives dégustent les mets proposés sur petites tables installées sous les feuillages des arbres du célèbre jardin. Les stands et buffets mettent en avant la gastronomie française.
Envie de simplicité
Ce soir, c'est le chef Yves Camdeborde qui est aux commandes et régale avec des plats alliant fraîcheur et saveur. « Nous avions envie de transmettre de la joie et de la bonne humeur avant tout parce que, ce qu'on a vécu pendant les Jeux olympiques, ça a été exceptionnel. On est dans la continuité avec ces Paralympiques. Nous sommes encore en plein été et on a la chance d'avoir un temps exceptionnel donc on a axé sur la fraîcheur. On est restés sur du poisson », explique-t-il. Truite de mer travaillée comme un gravelax avec un condiment moutarde et une aubergine marinée façon asiatique en premier plat et thon roulé dans les épices, rôti et mariné avec une vinaigrette au sarrasin avec du quinoa et un gel de citron pour le second.
Le chef revendique son envie de simplicité : « Il n'y a que trois saveurs dans chaque plat mais elles sont très marquées, ça explose en bouche, c'est ce que j'aime dans la cuisine », note-t-il. Passionné de sport, celui qui avait déjà assisté aux Jeux de Barcelone en 1992 et à ceux d'Athènes en 2004 est ravi de prendre part à la fête des paralympiques à Paris. « Cela représente beaucoup d'émotion et d'humilité. Le paralympisme, c'est incroyable à voir et cela donne des leçons de vie. Les athlètes ont une force inouïe et ils nous la transmettent. Ces moments-là me transcendent et me font beaucoup de bien », poursuit-il. Un peu plus loin, un pâtissier réalise, devant les yeux des gourmands, des desserts à l'assiette une tarte au citron revisitée avec un caviar de yuzu et de fruits rouges.
L'ambiance monte, une fanfare entonne des airs festifs de Freed from desire à Show must go on tandis que des fans espagnols se prennent en photo, drapeau ibérique à la main avec la torche olympique. D'autres suivent les tours d'un magicien faisant éclater des « oh » et des « ah » de stupéfaction ou sillonnent les jardins à la découverte de l'exposition photo L'art rencontre les athlètes mettant en parallèle des poses de champions paralympiques et des statues ou des parties d'œuvres artistiques. Husnah Kudundakwe, championne d'Ouganda de para natation, vient à la rencontre des convives et répond à quelques questions. Elle qui a débuté la natation à 3 ans compte sur les Jeux paralympiques de Paris 2024 pour faire avancer les choses. «Mon but est d'inspirer la nouvelle génération et l'inciter à suivre ses rêves. Les Jeux représentent un moment unique. L'inclusion permet de créer une harmonie », confie-t-elle au micro.
D'autres athlètes, comme le tireur à l'arc américain Matthew Stutzman ou la pongiste ukrainienne Maryna lytovchenko, ont aussi partagé leur expérience. En tout, douze athlètes, six femmes et six hommes, vont participer aux différentes sessions d'hospitalités. Proposées sur sept sites de compétition, ces dernières permettront d'accueillir plus d'une dizaine de milliers de personnes sur les dix jours que durent les Paralympiques. Une première pour cette compétition.
Au centre de la scène
Le soleil commence à décliner dans le Jardin des Tuileries, il est déjà l'heure d'aller de se rendre dans les gradins. Alors que l'obélisque de la Concorde, au centre de la scène, se pare de tons orangés, les supporters trépignent d'impatience. Quelques-uns affichent les couleurs de leur pays sur leurs joues ou avec leurs t-shirt. D'autres, agitent frénétiquement des drapeaux. Le pianiste Chilly Gonzales, en peignoir et charentaises, ouvre le bal sur la scène tandis que des danseurs et des athlètes en situation de handicap déambulent autour de lui.
Théo Curin, ancien nageur paralympique devenu présentateur télé, débarque sur la place dans un taxi entièrement recouvert de mascottes. « Welcome to Paris ! », lance-t-il devant le public survolté. Après la réinterprétation de la chanson iconique Je ne regrette rien d'Edith Piaf par l'artiste Christine and The Queen et le passage de la patrouille de France dans les airs, le défilé des 168 délégations et des 4400 athlètes (un record !) commence. La délégation du Brésil toute de vert et jaune vêtue ou celle de la Chine défilent tout sourire au son de Laissez-moi danser de Dalida lancé par le DJ Myd et repris en chœur par la foule.
À 22 heures pile, la délégation française rentre dans l'arène sous les acclamations des spectateurs. Les athlètes tricolores, menés par les porte-drapeaux Nantenin Keïta et Alexis Hanquinquant, débutent un joyeux tour de piste sur les tubes Aux Champs Élysées de Jo Dassin ou Que je t'aime de Johnny Hallyday devenu le nouvel hymne des Jeux. L'ambiance est à son comble. Certains supporters commencent à crier « Allez les Bleus ». S'enchaînent ensuite plusieurs tableaux dont l'incroyable performance du chanteur Lucky Love, né sans bras gauche, qui entonne la chanson « My ability » torse nu ou plusieurs danses mêlant personnes valides et en situation de handicap dans des chorégraphies aussi percutantes que superbes.
L'arrivée de la flamme olympique, portée par Florent Manaudou et transmise ensuite à différents athlètes de ces Jeux paralympiques, vient clore la soirée. Alexis Hanquinquant et Nantenin Keïta passent la flamme à Elodie Lorandi, Charles-Antoine Kouakou et Fabien Lamirault et tous allument ensemble la vasque toujours située dans le Jardin des Tuileries. Cette dernière s'envole dans les airs au son de Born to be alive entonnée par Christine and The Queen faisant danser l'ensemble des supporters des tribunes. Maintenant, place à la compétition.