Prix du Jeune Inventeur 2025 : conserver des fruits plus longtemps, recycler les terres rares... Découvrez les finalistes
Que faisiez-vous à 25 ans ? Eux inventent les produits qui changeront probablement bientôt votre vie. Conserver des fruits frais deux fois plus longtemps, recycler les terres rares, capturer le CO2 des cargos maritimes... Le Prix du Jeune Inventeur, décerné par l’Office européen des brevets, récompense les innovateurs de moins de 30 ans, qui utilisent la technologie pour répondre aux grands défis mondiaux en lien avec les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies. L’édition 2025, diffusée en direct et dans le monde entier, se tient ce mercredi à Reykjavik, en Islande, à partir de 18h.
Dix finalistes, qui ont été sélectionnés parmi 450 candidats concourent pour remporter trois prix «spéciaux», décernés par un jury composé d’anciens lauréats. Un troisième jeune visionnaire se verra remettre une distinction supplémentaire, après un vote en ligne du public. «Ce sont des personnes qui ont investi beaucoup de leur temps, raté beaucoup de déjeuner de famille pour nous faciliter la vie et avoir un impact sur le monde», commente Luis Berenger, directeur de la communication à l’Office européen des brevets, service public qui s’occupe de la gestion des demandes de brevets déposées sur le Vieux continent. «Derrière chaque objet du quotidien, se trouvent un brevet et un inventeur», rappelle-t-il.
Qui créera le prochain objet phare parmi les dix candidats en lice ? Sandra Namboozo et Samuel Muyita, deux scientifiques ougandais, ont mis au point des sachets qui ralentissent le mûrissement des fruits et préviennent leur gaspillage. Les tests pilotes ont montré que les mangues stockées avec ces sachets sont restées fraîches pendant 33 jours, tandis que celles sans sachets n’ont duré que 11 jours. Leur objectif : réduire le gaspillage alimentaire, véritable fléau mondial. Les pertes représentent chaque année 8 à 10 % des émissions de gaz à effet de serre, soit cinq fois plus que les émissions du secteur aérien.
Innovations dans la capture du CO2
La chimiste franco-américaine Marie Perrin a elle mis au point un procédé qui «révolutionne» le recyclage des terres rares, ces minerais au cœur d’une bataille géopolitique entre les États-Unis et la Chine. Elles s’avèrent essentielles aux technologies modernes, des smartphones aux éoliennes, mais leur extraction nuit à l’environnement. Renforcer l’économie circulaire dans ce secteur est donc crucial pour réduire cet impact mais aussi conférer à l’Europe une certaine indépendance, alors que la Chine domine les chaînes d’approvisionnement et restreint régulièrement ses exportations.
Autre secteur hautement polluant : le commerce maritime. Alors que les politiques publiques dans le monde mettent l’accent sur la décarbonation des voitures thermiques, «on oublie trop souvent que le transport en mer produit plus de 800 millions de tonnes de CO2 chaque année», regrette la chinoise Roujia Wen. La finaliste du Prix du Jeune inventeur 2025 a cofondé, avec la Suédoise Alisha Fredriksson, la start-up Seabound, qui développe un système de captage du carbone, modulable aux navires existants. La technologie permet aux armateurs de réduire leurs émissions sans avoir à remplacer leur flotte intégralement, une option de long terme très coûteuse. En capturant le CO2 sous forme de calcaire solide, plutôt que de le stocker sous forme liquide ou gazeuse, le calcaire se décharge comme une marchandise dans les ports, là où les autres techniques nécessitaient un traitement spécifique une fois à quai et des infrastructures énergivores.
La scientifique Mariane Pérez veut aussi piéger le carbone différemment pour améliorer la qualité de l’air. Elle a conçu un système de capture direct qui non seulement l’élimine mais le convertit en matériels biodégradables. Les sœurs jumelles américaines Neeka et Leila Mashouf transforment aussi ce gaz qui pollue l’atmosphère : leur procédé converti le CO2 en pulpe de cellulose. Cette matière peut ensuite être utilisée dans de nombreuses industries, notamment dans la confection de vêtements. La marque Patagonia a déjà mené des tests pilotes avec les deux scientifiques.