À moins de deux ans de la prochaine présidentielle, une seule certitude existe : l’identité du locataire de l’Élysée va changer, Emmanuel Macron ne pouvant pas briguer un troisième mandat consécutif. Mais la Constitution n’empêche pas une candidature en 2032. Une anecdote, captée par l’écrivain Emmanuel Carrère, publiée dans un article fleuve du Guardian le 15 juillet, au cours des visites officielles du chef de l’État au Groenland et au Canada à l’occasion du G7 en juin, apporte de l’épaisseur à cette hypothèse.
Parmi les bons mots entendus au cours de son voyage outre-Atlantique, l’écrivain relate une courte scène décrite par Emmanuel Bonne, le chef de la cellule diplomatique de l’Élysée. Selon ce dernier, au cours d’un échange chaleureux entre Donald Trump et Emmanuel Macron, le premier aurait tapoté l’épaule du président français et lui aurait glissé : «Vous verrez, vous et moi, on en fera un troisième (mandat) (sic)». Donald Trump, à peine de retour à la Maison-Blanche, a multiplié les allusions à un nouveau mandat à la tête des États-Unis, mais la Constitution américaine l’interdit formellement. Le 22e amendement de la Constitution américaine stipule qu’une personnalité politique «ne peut être élue à la fonction de président plus de deux fois», consécutivement ou pas.
Passer la publicité«Aujourd’hui, je n’ai pas réfléchi»
De son côté, interrogé le 13 mai sur TF1 à propos d’éventuelles ambitions, Emmanuel Macron avait éludé la question : «Quand j’aurai fini (l’actuel mandat), je réfléchirai à la suite. À ce moment-là, je pourrai vous répondre. Mais aujourd’hui, je n’ai pas réfléchi». Rien ne s’oppose théoriquement à une nouvelle candidature lors de l’élection en 2032.
Élu en 2017 à l’âge de 39 ans, le chef de l’État aura 49 ans lorsqu’il quittera l’Élysée. À l’été 2023, lors de la première «rencontre format Saint-Denis» avec les dirigeants des partis, il avait estimé que la limitation à deux mandats présidentiels consécutifs - introduite dans la Constitution sous la présidence de Nicolas Sarkozy - était une «funeste connerie», selon plusieurs participants. Depuis, plusieurs cadres macronistes évoquent en privé l’hypothèse d’une troisième candidature, mais décalée de cinq ans.
«Je n’aime pas les adolescents»
Sous la Ve République, aucun président n’a été élu à trois reprises. Charles de Gaulle a été élu une première fois au suffrage indirect, une seconde au suffrage universel direct, et a démissionné de la présidence de la République après dix ans de pouvoir, à la suite d’un référendum perdu. François Mitterrand (14 ans de mandat) et Jacques Chirac (12 ans de mandat), tous deux réélus, n’ont jamais publiquement évoqué une troisième candidature.
Dans ce long récit publié dans le quotidien britannique, Emmanuel Carrère relate également une facette inconnue du chef de l’État. «Je n’ai jamais été un adolescent. Je n’aime pas les adolescents. Je ne les comprends pas. Ma femme les comprend», a confié le chef de l’État dans l’avion retour du sommet canadien. L’écrivain français évoque avec ironie la rencontre entre Emmanuel Macron et sa future femme lorsqu’il «était un adolescent» : «Si elle, elle n’avait pas compris les adolescents, il ne serait pas là dans son avion présidentiel, avec son tee-shirt noir de bodybuilder flanqué d’une chouette de Minerve».