La tour Saint-Nicolas, qui compose le front de mer de la Rochelle avec les tours de la Chaîne et de la Lanterne, va faire l’objet de travaux d’urgence à partir du mois de mai, a appris Le Figaro. Ce chantier, estimé à 2 millions d’euros, devrait durer jusqu’à la fin de l’année 2025. Il permettra à l’édifice du XIVe siècle de « retrouver sa structure monolithique (réalisée dans un bloc unique constitué d’un seul matériau, NDLR) », nous indique Jean-Philippe Alloin, adjoint à la directrice de la conservation des monuments et des collections du Centre des monuments nationaux.
Cet été, l’architecte en chef des monuments historiques, Olivier Salmon, a constaté des désordres et préconisé des travaux d’urgence, ainsi qu’un cerclage. Des relevés 3D indiquaient initialement que la tour Saint-Nicolas « se déplaçait de l’ordre d’un centimètre, ajoute-t-il. Nous n’étions pas inquiets, car nous pensions qu’il s’agissait de mouvements saisonniers naturels. » En réalité, la tour s’est déplacée sur un axe de deux centimètres. « On a observé un comportement anormal avec deux morceaux de tour qui se déplaçaient de façons différentes », raconte Jean-Philippe Alloin.
Un chantier en trois étapes
Par mesure de précaution, le Centre des monuments nationaux a donc fermé les portes de la tour Saint-Nicolas le 4 juillet 2024, en pleine saison touristique. En septembre, il a aussi interdit aux bateaux de s’approcher à moins de cinq mètres de l’édifice et a instauré une limitation de vitesse de 3 nœuds à l’entrée du port. « Cette fermeture nous a permis de mener des campagnes d’investigations complémentaires et de neutraliser et étudier une partie du quai autour de la tour », déclare Jean-Philippe Alloin.
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La tour Saint-Nicolas reste depuis « fermée jusqu’à nouvel ordre ». Et le Centre des monuments nationaux a décidé d’entreprendre des travaux d’urgence dès le mois de janvier 2025. Cependant, le chantier a été « repoussé à la fin du premier trimestre de cette année », nous informe Jean-Philippe Alloin. Il devrait se dérouler en trois temps. Les architectes viendront en premier lieu « ajouter un corset métallique complémentaire à celui apposé, côté mer, en bas de la tour en 2019 », nous explique-t-il. Ensuite le chantier se tournera vers la partie haute de la tour où les murs extérieurs seront « ceinturés ». Enfin, « des niveaux métalliques » permettront de stabiliser la partie intermédiaire de l’édifice.
Fermeture jusqu’en fin 2025
Le Centre des monuments nationaux indique que les travaux de cette « étape impérative » vont se tenir jusqu’à la fin de l’année 2025 et que la tour devrait rouvrir ses portes au public début 2026. Cela sera toutefois très éphémère, car des « travaux d’ampleur » débuteront à la fin de l’année 2026 pour une durée de quatre ans. Cette fois, le coût total est estimé à 25 millions d’euros. Lors d’un déplacement à La Rochelle en septembre dernier, la ministre de la Culture Rachida Dati avait déclaré qu’il faudra « se montrer plein d’imagination » pour trouver l’argent nécessaire.
« C’est l’une des opérations les plus importantes à l’échelle des monuments nationaux »
Jean-Philippe Alloin
Les travaux prévoient des moyens conséquents. « Nous viendrons placer sur la périphérie, en dessous des remparts actuels, une semelle de fondation en béton qui permettra de majorer 60 % de l’assise de la tour, précise Jean-Philippe Alloin. Pour soutenir cette semelle, des colonnes de béton iront rechercher le sol dur à une dizaine de mètres de profondeur dans l’eau. » À noter qu’il faudra également financer l’installation d’un batardeau, capable de résister aux saisons et aux conditions météorologiques (vent, marées, pluie), autour de la tour.
« C’est l’une des opérations les plus importantes à l’échelle des monuments nationaux, rappelle Jean-Philippe Alloin. Il faut dire que le tour Saint-Nicolas a toujours eu des problèmes structurels depuis sa construction en 1345. » La partie basse de l’édifice est inclinée depuis des siècles, contrairement au sommet qui a, lui, été redressé à force de nombreuses restaurations. « On dirait un peu une tour de Pise », ironise-t-il. Avant de préciser que le « sol d’assise de la tour Saint-Nicolas a toujours été de mauvaise facture ».