«Il n’a pas supporté la perspective de l’audience» : accusé d’avoir tué sa fille et son ex-femme, il meurt à la veille de son procès à Lyon

«Une extrême frustration». Venue du Burkina Faso pour l’audience, la famille d’Anna et Khady-Noémie ne verra pas leur meurtrier condamné. Accusé du féminicide de son ex-compagne et de l’infanticide de leur propre fille, Souleymane S., 36 ans, est mort en cellule à la veille de son procès, selon une information du Progrès  confirmée au Figaro par plusieurs sources proches du dossier. L’avocat général de la cour d’appel de Lyon, où devait se tenir le procès ce jeudi et vendredi, a prononcé l’extinction des poursuites en début de matinée.

Selon nos informations, l’accusé aurait succombé à un arrêt cardiaque dans sa cellule de la prison de Lyon-Corbas, où il était incarcéré depuis trois ans. Malgré son jeune âge et l’absence d’antécédents, il avait été hospitalisé à la suite d’un premier malaise cardiaque il y a quelques semaines. La thèse du suicide est quasiment écartée par les premières constatations des gendarmes. Mais une autopsie doit l’établir avec certitude.

«Il n’a pas supporté la perspective de l’audience, avance l’avocat de l’accusé, Me Boris Roux, au Figaro. Dans certains cas, on voit des situations de détresse cardiaque à la suite de choc aiguë». Le trentenaire était inanimé mais vivant quand il a été découvert dans sa cellule, seul. Il n’a pu être réanimé.

«Pourquoi tant de cruauté ?»

«C’est extrêmement difficile pour le père et la sœur d’Anna de ne pas avoir la manifestation de la vérité, regrette Me Paul Taraoré auprès du Figaro. L’instruction a bien établi la culpabilité de l’accusé, qui a reconnu les faits, mais ils voulaient comprendre pourquoi tant de cruauté». Pourquoi ces 80 coups de couteau portés par le suspect à son ex-compagne qui, malgré une séparation ancienne, l’hébergeait temporairement à la demande de sa famille avant un rapatriement au Sénégal. Pourquoi ces 15 plaies aussi sur le corps de leur fille, qui allait fêter ses 10 ans, tuée plusieurs heures après ?

Polytoxicomane, Souleymane S. était SDF au moment des faits. L’enquête n’a pas établi d’abolition de son discernement quand le matin du 4 avril 2022, dans une des barres d’immeubles de la Grappinière, quartier pauvre de Vaulx-en-Velin, il avait tué son ex-compagne à la suite d’une dispute. Après avoir passé la journée avec sa fille, il l’avait également poignardée à mort. Le trentenaire avait placé les corps dans les lits de l’appartement. Il avait fini par se rendre au commissariat plusieurs jours après les faits.