Inondée en octobre, la maison Elsa Triolet-Aragon organise une vente d’œuvres pour récolter des fonds

Depuis le mois d’octobre, les portes de la Maison Elsa Triolet-Aragon, à Saint-Arnoult-en-Yvelines, restent fermées après le débordement de la Remarde qui a inondé les lieux.  Les travaux de restauration devraient permettre une réouverture au plus tôt en février 2025. Mais, en attendant, le lieu qui accueille 20 000 visiteurs par an ne dispose d’aucunes recettes. C’était sans compter sur la générosité d’une cinquantaine d’artistes qui font don d’une de leurs œuvres pour permettre à l’association, qui s’emploie à faire vivre le lieu, d’organiser une vente aux enchères. Elle se tiendra mercredi 18 décembre à partir de 19 h à l’espace Niemeyer (Paris XIXe) sous la présidence d’Erik Orsenna.

« Le coût des travaux devrait être entièrement pris en charge par l’assurance. En revanche, nous ne savons pas encore combien vont nous coûter les mois de fermeture du musée », explique Caroline Bruant, directrice déléguée de la maison Elsa-Triolet-Aragon. Dans la nuit du 9 octobre 2024, la tempête Kirk n’épargne pas l’ancienne résidence d’Aragon et Elsa Triolet. L’eau de la Rémarde - rivière située à quelques dizaines de mètres de la maison - pénètre brutalement dans la Maison Elsa Triolet-Aragon. En quelques heures, le moulin de Villeneuve se trouve inondé avec plus d’un mètre d’eau. Le lieu doit de fermer ses portes dans l’attente du séchage. Conséquences : plus de 200 000 euros de travaux de maçonnerie et une activité à l’arrêt. Heureusement, aucune œuvre n’a été endommagée lors de l’inondation. « On est intervenu à temps pour sauver les œuvres et les mettre à l’abri », raconte Caroline Bruant, quelques jours après l’incident. 

Le 9 octobre, En quelques heures, le moulin de Villeneuve se trouve inondé avec plus d’un mètre d’eau. Maison Elsa Triolet-Aragon

Quelques jours après l’incident, un élan de solidarité se crée. « Le week-end après l’inondation, nous devions célébrer les 30 ans de l’ouverture du musée. Une cinquantaine d’artistes devaient y participer », explique Caroline Bruant. Après les avoir informés de l’annulation des festivités, « deux ou trois artistes ont soumis l’idée d’une vente aux enchères », ajoute-t-elle. La directrice déléguée de la maison Elsa-Triolet-Aragon a donc contacté l’ensemble des artistes convives pour leur souffler l’idée. « Ils ont pour la plupart répondu positivement », se réjouit Caroline Bruant. 

Le peintre islandais Erró a fait don de son œuvre Octopus-coiffeur, mise a prix à 10.000 euros et estimé à 30.000 euros. Maison Elsa Triolet-Aragon/Erró

Sous la direction du Commissaire-priseur Arnaud Oliveux, les œuvres sont mises à prix entre 100 euros, pour une sérigraphie de Joël Ducorroy, et 10 000 euros, pour un acrylique sur toile du peintre islandais Erró. Avec cet encan, la Maison Elsa Triolet-Aragon espère combler les « 40 000 à 50 000 euros » de pertes de chiffre d’affaires qui se dessine. Une cagnotte en ligne, ouverte sur le site internet du musée, a déjà permis de récolter 20 000 euros.

L’artiste catalan Antoni Taulé a fait don de son œuvre photographique, Discours plastique, mise à prix à 1.000 euros et estimé à 7.000 euros. Maison Elsa Triolet-Aragon/Antoni Taulé

Un lieu resté intact

En 1951, Aragon et Elsa Triolet tombent sous le charme d’un moulin de la fin du XIIe siècle situé à une quarantaine de kilomètres au sud de Paris. Au milieu d’un écrin de nature, le moulin de Villeneuve devient leur lieu de prédilection pour écrire et vivre leur idylle. Leur corps repose désormais dans le jardin du moulin. Propriété de l’État, la Maison Elsa Triolet-Aragon ouvre ses portes en 1994. « Le lieu est resté intact. Le mobilier n’a pas bougé. Il abrite 35 000 livres. Les œuvres des artistes et amis du couple sont toujours exposés, explique Caroline Bruant. On trouve notamment des céramiques de Fernand Léger et Pablo Picasso »