L'UE exige des réponses sur la prolifération de «deepfakes» sur TikTok et 7 autres grandes plateformes

La Commission européenne a réclamé jeudi des explications à huit grands services en ligne, dont TikTok, Facebook, Google, YouTube et X, sur la façon dont ils gèrent les risques liés à la diffusion de contenus manipulés («deepfakes»). À trois mois des élections européennes, Bruxelles s'inquiète notamment de l'impact sur la campagne électorale de ces sons, photos et vidéos truquées grâce à l'intelligence artificielle générative. La Russie est en particulier régulièrement accusée de tentatives de manipulation de l'opinion dans les pays occidentaux via la promotion d'informations truquées sur les réseaux sociaux.

La Commission a par ailleurs réclamé jeudi des explications au réseau social professionnel LinkedIn, du groupe américain Microsoft. Il est soupçonné d'exploiter certaines données personnelles sensibles de ses utilisateurs (orientation sexuelle, opinions politiques...) à des fins de ciblage publicitaire. Le DSA impose de nouvelles obligations aux plateformes en ligne dans leurs pratiques de profilage des utilisateurs, et de transparence dans les paramètres utilisés pour les publicités ciblées. Cette demande d'informations tout comme celle concernant les «deepfakes» ne sont pas une mise en cause à ce stade. Elles constituent la première étape d'une procédure pouvant conduire à l'ouverture d'une enquête formelle, puis à de lourdes amendes en cas d'infractions avérées.

Le règlement sur les services numériques s'applique déjà depuis fin août aux plateformes en ligne les plus puissantes comme X, TikTok ainsi que les principaux services de Meta (Facebook, Instagram), Apple, Google, Microsoft ou Amazon. Au total, 22 très grands acteurs de l'internet, dont trois sites pornographiques, ont été placés sous la surveillance directe de la Commission européenne, qui a recruté plus d'une centaine d'experts à Bruxelles pour assumer son nouveau rôle de gendarme du numérique. Les contrevenants s'exposent à des amendes pouvant atteindre jusqu'à 6% de leur chiffre annuel mondial, voire à une interdiction d'opérer en Europe en cas de violations graves et répétées.

Dans le cadre des enquêtes formelles ouvertes contre X, TikTok et AliExpress, la Commission s'efforce désormais de recueillir des preuves, par exemple en envoyant des demandes d'informations supplémentaires, en menant des entretiens ou des inspections. Aucune limite de durée n'est fixée pour ce type d'enquêtes. «L'ouverture d'une procédure formelle d'infraction ne préjuge pas de son issue», souligne-t-on à la Commission.