Les négociations commerciales sur les produits alimentaires sont marquées par des «tensions non négligeables»

Les relations commerciales entre distributeurs, industriels de l'agroalimentaire et producteurs agricoles «restent marquées par un niveau de rigidités et de tensions non négligeables», notent les ministères de l'Agriculture, et du Commerce, de l'Artisanat et des PME, à l'issue d'une réunion lundi 20 janvier. Il s'agissait d'un premier comité, qui réunit l'ensemble des maillons de la chaîne alimentaire et agroalimentaire, indiquent les deux ministères dans un communiqué. Un nouveau comité aura lieu dans les prochaines semaines.

La réunion de lundi, avec la ministre de l'Agriculture Annie Genevard et de la ministre déléguée en charge du Commerce, de l'Artisanat et des PME Véronique Louwagie, «a permis de constater que les acteurs s'approprient progressivement les dispositifs des différentes lois Egalim ». Les lois dites Egalim ont pour but de mieux protéger la rémunération des agriculteurs, notamment en s'efforçant de rendre «non négociable» le prix de la matière première agricole contenue dans les produits (le lait dans le yaourt, le blé dans le pain, etc.).

Selon les «témoignages recueillis» lors de cette réunion, «la loi semble engendrer une dynamique positive dans les négociations, en termes de transparence notamment» et dans la place accordée à «la préservation du revenu des agriculteurs dans les négociations commerciales». Mais les ministres «ont rappelé l'extrême vigilance de l'État quant à l'application de la loi», via des contrôles et des amendes si besoin.

Changer de modèle de négociation

Dans «un contexte de hausses des coûts, tant agricoles qu'industriels», qui «explique des divergences d'analyse entre acteurs», il «résulte une forte tension» entre distributeurs, industriels et agriculteurs, relève le communiqué. Les ministres en appellent donc «à la responsabilité» des acteurs «pour que chacun fasse un pas vers l'autre, pour passer de la guerre des prix à la création de valeur». Dans un communiqué distinct, l'organisme qui représente les PME et les entreprises de taille intermédiaire de l'alimentation, Pact'Alim, fait part de ses «vives préoccupations quant aux pratiques des enseignes de la grande distribution».

Selon un sondage auprès de ses adhérents, 75% des entreprises ont demandé aux distributeurs des hausses tarifaires de 3% en moyenne, mais qu'elles reçoivent systématiquement des demandes de baisse entre 2 et 5% en moyenne, et jusqu'à 7,5%. Comme chaque année, la grande distribution reçoit depuis fin novembre les conditions auxquelles leurs fournisseurs agro-industriels veulent leur vendre leur production lors de l'année à venir. Ils doivent se mettre d'accord avant le 1er mars, sous l'œil attentif du monde agricole et des pouvoirs publics.