Le président bolivien Evo Morales se déclare candidat à la présidentielle, malgré son inéligibilité

Malgré l'interdiction d'effectuer plus de deux mandats à la tête du pays et des poursuites judiciaires dans le cadre d'une affaire de traite de personne mineure, Evo Morales persiste et signe. L'ancien chef d'État bolivien a annoncé jeudi sa candidature à l'élection présidentielle d'août, défiant ouvertement la justice de son pays. 

Lors d'une conférence de presse organisée dans son fief du centre du pays, Evo  Morales, 65 ans, a annoncé qu'il se présenterait au scrutin du 17 août sous la bannière d'une autre formation que le Mouvement vers le Socialisme (MAS), le parti au pouvoir qu'il a dirigé pendant des décennies.

Le leader cocalero a subi un revers majeur lorsque la Cour constitutionnelle lui a retiré en novembre le contrôle du parti en reconnaissant une nouvelle direction, proche du président Luis Arce et favorable à sa réélection. Cependant, ce dernier n'a pas encore annoncé publiquement son intention de se représenter.

"Nous avons déjà le parti pour participer aux élections de cette année (...) Maintenant, avec le Front pour la Victoire, nous allons de nouveau gagner les élections nationales", a déclaré l'ancien président Morales (2006-2019) en citant son nouveau parti.

Evo Morales souhaite revenir au pouvoir malgré un arrêt de la Cour constitutionnelle ayant confirmé en novembre dernier l'interdiction pour un président d'exercer plus de deux mandats.

Le Front pour la Victoire, un petit groupe de gauche sans représentation au Parlement, a signé un accord avec Evo Morales pour l'imposer comme son "unique candidat" à la présidence, selon un document lu par un porte-parole du parti lors de la conférence de presse retransmise à la radio. L'identité de son colisitier doit encore "faire l'objet d'un consensus", a-t-il ajouté.

Un mandat d'arrêt dans le cadre d'une affaire de traite de mineure

"Nous avons pris cet engagement pour aller de l'avant avec notre pays qui est en train de faire faillite", a indiqué pour sa part Eusebio Rodriguez, leader du Front pour la Victoire.

La Bolivie est plongée dans une grave crise économique en raison d'une pénurie de dollars et de carburants. Le gouvernement subventionne les importations de carburants, ce qui a asséché les réserves en devises du pays.

Le pays a clôturé 2024 avec un taux d'inflation cumulé de 9,9%, le plus élevé depuis 16 ans.

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Outre une inéligibilité, le premier chef d'État bolivien d'origine indigène est accusé de "traite" de mineure et est visé par un mandat d'arrêt.

Selon le parquet, Evo Morales aurait entretenu une relation en 2015 avec une adolescente de 15 ans, de laquelle une fille serait née un an plus tard, avec le consentement des parents en échange d'avantages.

Cette combinaison d'images créée le 28 octobre 2024 montre le président bolivien Luis Arce (G) lors d'une conférence de presse au palais du gouvernement à La Paz, le 31 août 2023, et l'ancien présiden
Cette combinaison d'images créée le 28 octobre 2024 montre le président bolivien Luis Arce (G) lors d'une conférence de presse au palais du gouvernement à La Paz, le 31 août 2023, et l'ancien président bolivien Evo Morales s'exprimant lors d'une conférence de presse à La Paz, le 11 octobre 2023. © Aizar Raldes, AFP

L'ancien président rejette ces accusations et fait valoir qu'une enquête pour les mêmes faits a été classée sans suite en 2020. Evo Morales se dit victime d'une "guerre juridique" orchestrée par le président Luis Arce.

L'ancien cultivateur de coca est soutenu par de nombreux partisans, majoritairement des paysans indigènes. Depuis l'émission du mandat d'arrêt à son encontre, il reste retranché dans son bastion de la région du Tropico de Cochabamba, dans l'État du Chapare, dans le centre du pays, protégé par ses soutiens.

Avec AFP