La sécurité énergétique de l’Europe s’améliore, selon l’AIE

Bonne nouvelle. En Europe, en France, la situation énergétique devrait connaître un répit. «Dans la deuxième partie de la décennie, nous nous attendons à des marchés du pétrole  et du gaz  beaucoup plus confortables, qui seront dominés par les acheteurs plutôt que par les vendeurs», résume Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).  

Les risques géopolitiques, après l'invasion de l'Ukraine qui a bouleversé les approvisionnements énergétiques de l'Europe, puis la guerre en Israël, restent évidemment très pesants. Mais, l'AIE, qui publie son rapport annuel sur les Perspectives énergétiques mondiales, s'attend à «une surabondance de l'offre de pétrole et de GNL au cours de la seconde moitié des années 2020», ainsi qu'à un excès de certaines capacités de production, dans le solaire et les batteries notamment. Tandis qu’en face , la demande d’énergie devrait être moins forte qu’auparavant. 

Une flambée des prix douloureuse

L’Europe a dû trouver des alternatives au gaz russe et elle a particulièrement subi la flambée des prix pendant la crise énergétique mondiale. Par ailleurs, en raison «essentiellement» des investissements préalables, le coût moyen du système électrique (entretien des réseaux inclus) a atteint 145 dollars par MWh dans l'UE entre 2019 et 2023, «soit 60 % de plus qu'aux États-Unis et environ 10 % de plus que dans d'autres économies avancées». 

Pour autant, «certains signes indiquent que les perspectives s'améliorent». Les prix de l'électricité pour les ménages ont baissé de plus de 10 % entre 2022 et 2023, et les prix de gros du gaz naturel ont chuté de près de 70 % par rapport aux niveaux records de 2022, rapporte l’AIE. 

En 2023, la France a «renforcé sa sécurité électrique», estime par ailleurs une étude de Colombus Consulting consacrée à la santé financière des producteurs d'électricité européens. Dans l’Hexagone, «la production d'électricité a augmenté de 11%, et la consommation a baissé de 3,2 %. Les prix de l'électricité sur le marché de gros ont chuté, de 276 euros à 97 euros par MWh, grâce à une meilleure production nucléaire et hydraulique et à la baisse des prix du gaz, même s'ils restent au-dessus des niveaux pré-crise. Et, la France est redevenue un exportateur net d'électricité, complète l’étude du cabinet.

Concurrence attendue entre producteurs

Les tensions sur les marchés du gaz naturel devraient, de leur côté, être atténuées par les nouveaux terminaux d'exportation de GNL qui seront mis en service à partir de 2025, principalement au Qatar et aux États-Unis. Ils ajouteront plus de 250 milliards de mètres cubes de capacité d'ici à 2030, soit une augmentation de près de 50 % de la capacité mondiale d'exportation de GNL. De quoi créer «un tampon contre de nouvelles perturbations du marché», mais aussi induire «une pression à la baisse sur les prix» et «une concurrence accrue entre les fournisseurs». L'essor de la mobilité électrique, sous l'impulsion de la Chine, met «les producteurs de pétrole dans l'embarras. Ils sont confrontés à une offre excédentaire importante», affirme encore le rapport de l’AIE. 

Capacités électriques en EUROPE Colombus consulting

En parallèle, l’Europe continue à se verdir. En 2023, «l'Europe a réduit ses capacités de production thermique de 15 % tout en augmentant de 15 % celles issues des énergies renouvelables», analyse Rayan Boudaoui, expert de Colombus Consulting.

La demande de pétrole devrait diminuer de 15 % d'ici à 2030, celle de gaz naturel de 10 % et celle de charbon de près de la moitié. Tandis que, d’ici à 2035, l’UE devrait voir la part des renouvelables passer de 45% dans sa production d'électricité à environ 80%, calcule l’AIE. Ce passage des centrales au charbon et au gaz vers des sources d'électricité plus vertes pourrait réduire les coûts totaux du système électrique de l'Union européenne d'environ 12% d'ici à 2035, indique encore l’agence affiliée à l’OCDE.

Cela n’empêchera pas les producteurs de combustibles fossiles de continuer à engranger des fortunes. «Les consommateurs du monde entier ont dépensé près de 10.000 milliards de dollars (9185 milliards d’euros) en énergie en 2022 pendant la crise énergétique mondiale. Près de la moitié de cette somme s'est transformée en revenus records pour les producteurs de pétrole et de gaz», note ainsi l’AIE.