Une partie de gauche acte une candidature commune pour 2027
Début juillet 2024, ils offraient un répit au pays. Un an après l’arrivée en tête aux législatives du Nouveau Front populaire (NFP) bâti en quatre jours dans un réflexe antifasciste, l’alliance s’est érodée. À l’invitation de Lucie Castets, ex-candidate à Matignon de la coalition, la gauche avait rendez-vous, ce mercredi à Bagneux (Hauts-de-Seine). Un anniversaire où il manque les bougies et… la moitié des invités. Si Olivier Faure (PS), Marine Tondelier (Les Écologistes), François Ruffin (Debout), Clémentine Autain (L’Après) et Benjamin Lucas (Génération.s) sont sur la photo, la famille est loin d’être au complet. Ni la France insoumise ni le Parti communiste français ni Place publique n’ont répondu à l’appel.
« C’est aux absents de s’expliquer : pourquoi ne sont-ils pas venus ? s’agace Clémentine Autain. C’est sur eux que pèse la responsabilité de la menace de l’extrême droite ou d’un nouveau Macron. » Mais « la porte reste ouverte », assurent-ils tous en chœur. Ils ont néanmoins, insistent-ils, offert un cadeau au peuple de gauche. En attendant d’être rejoints par d’autres formations, ils ont acté le principe d’un candidat commun pour la présidentielle, investi entre mai et octobre 2026 au cours d’un processus de désignation qui sera arrêté d’ici la fin de l’année 2025. En parallèle, l’ensemble des forces en présence réunies sous la bannière « Front populaire 2027 » s’engage dans un travail programmatique, avec six conférences thématiques. Ils commenceront par discuter des sujets d’éducation et d’industrie.
Vers une primaire
« Nous allons construire une plateforme qui nous liera », acte Olivier Faure pour qui cette alliance vise à « ne pas laisser le monopole de l’alternative » à l’extrême droite. « Nous voulons renouer avec l’espoir », assure Lucie Castets. D’après l’ex-première ministrable, cela passe par la constitution d’une « équipe qui commence à se préparer et à travailler pendant deux ans » pour être prête à « gouverner ».
Toute la journée de mercredi, les représentants des partis engagés dans ce processus ont échangé, d’abord avec des personnalités de la société civile comme la présidente de la Ligue des Droits de l’Homme Nathalie Tehio ou encore le sociologue Vincent Tiberj. Puis entre eux pour déterminer une « méthode » qui aboutira probablement par l’organisation d’une primaire. Un mot que personne, sauf Marine Tondelier dont la langue a fourché, n’a prononcé sur l’estrade.
Selon les mots de Clémentine Autain, cette réunion est un « tournant » qui correspond aux attentes du peuple de gauche. D’après un sondage Harris Interactive pour la revue Regards publié fin avril, 8 sympathisants de gauche sur 10 souhaitent l’union. Ceux-ci pourront d’ailleurs contribuer à enrichir le programme via des outils numériques et des réunions dans les territoires, promet ce « Front populaire 2027 » qui souhaite s’appuyer sur le programme du NFP pour l’enrichir et le hiérarchiser. Un « programme de rupture », selon Marine Tondelier. « Pour desserrer l’étau entre l’extrême droite et l’extrême argent », complète François Ruffin, déjà candidat à la candidature (tout comme Clémentine Autain).
« On fait ce qu’on peut avec les volontaires »
« Si le NFP est apparu si évident l’an passé, c’est que Jordan Bardella était aux portes du pouvoir, relève Marine Tondelier. J’aimerais qu’on m’explique en quoi la situation d’aujourd’hui serait différente. La menace n’est pas plus faible. » C’est d’ailleurs ce qui motive la présence de l’ancien député PCF Sébastien Jumel, proche de François Ruffin : « L’ADN des communistes est d’être utiles aux gens et d’être au front contre l’extrême droite. Leur ADN, c’est le rassemblement. » Et si Lucie Castets a pris acte du refus du PCF de participer au rendez-vous, notamment en pointant un double discours de certains partenaires concernant les municipales, elle note aussi son envie de « travailler sur le programme ». A d’ailleurs été dit aux écologistes, au cours de la réunion, que leurs velléités sur certaines villes aujourd’hui dirigées par un maire PCF était un obstacle à l’élargissement du rassemblement.
« On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a et les volontaires. On ne peut pas se laisser piéger comme en 2022 par l’inaction pesante », justifie Sophie Taillé-Polian (Génération.s). Si le PCF comme Place Publique seront les bienvenus s’ils souhaitent rejoindre le processus en cours, c’est en réalité une autre affaire pour LFI. Lors du congrès qui l’a réélu, Olivier Faure a promis qu’il n’y aurait pas d’alliance nationale avec le parti de Jean-Luc Mélenchon. « On n’a pas tout à fait la même définition du périmètre (de l’union) », tempère le premier secrétaire, qui adoucit aussi sa position comme l’ont noté ses partenaires : « La question, c’est sur quelle base, quel projet et quelle incarnation. Je suis prêt à accueillir toutes celles et ceux qui le souhaitent. » Oui aux insoumis, donc, mais « sans Mélenchon », précise Pierre Jouvet, secrétaire général du PS.
Une heure après la fin de la conférence de presse, un communiqué tombe. « À celles et ceux qui souffrent et qui espèrent, nous faisons le serment de la responsabilité et de l’unité pour qu’ils disposent d’un projet ambitieux, tournant la page d’une décennie d’injustice sociale, de marchepied à l’extrême droite, d’asphyxie démocratique et de reculs écologiques », écrivent-ils. Mais le plus dur reste encore à faire.
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