Mondial de handball 2025 : l'équipe de France face à l'Egypte et au spectre de l'élimination en quarts de finale des JO

Six secondes et une énorme désillusion ! Le 7 août 2024, les handballeurs français ont tiré un trait sur leurs rêves de médaille, en s'inclinant contre l'Allemagne dans une fin de match épique (35-34 a.p.) en quarts de finale des Jeux olympiques de Paris. Le souvenir d'un revers pour le favori à sa propre succession face auquel les Bleus de Guillaume Gille, quelque peu remaniés, doivent se confronter, en défiant l'Egypte, mardi 28 janvier, à Zagreb (Croatie).

"On n'est pas là pour essayer de remplacer ce qui s'est passé cet été, affirme Dika Mem. Les JO, c'est passé. Ce n’est pas briser une malédiction, mais se redonner une chance d’accéder aux médailles. Dans nos têtes on peut y penser, mais je ne suis pas dans l’optique de racheter une image ou de faire oublier les JO. On est là pour mettre une septième étoile sur le maillot bleu." Pour Rémi Desbonnet, cet échec "fera toujours partie de nous, dans un coin de nos têtes, ce serait mentir de dire que non". "Est-ce que j'en fais des cauchemars la nuit pour autant ? Non. Là, je suis surtout très excité". 

Cette fois-ci, l'Egypte, qui a connu une mésaventure semblable quoique moins médiatisée cet été face aux Espagnols (28-29 a.p.), fait face aux Bleus. Au menu de ce premier match couperet, des retrouvailles entre deux nations conquérantes, qui s'étaient croisées en poule à Paris (26-26), avant de prendre un mur en quarts. 

Les stigmates d'un passé encore présent

"On n'est pas en train de parler des JO toutes les deux minutes et en préparant le match contre l'Égypte, on ne se dit pas 'les gars, il y a quelques mois, on était en quart de finale et on l'a perdu, aujourd'hui on va gagner'", ajoute Dika Mem. Difficile pourtant de ne pas se refaire le film de cette fin de match cauchemardesque contre l'Allemagne, au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d'Ascq. Un but d'avance et la balle en main à six secondes de la fin du temps réglementaire, tout était en place pour prolonger l'aventure, la dernière de Nikola Karabatic, Vincent Gérard et Valentin Porte. Et pourtant.

Un temps mort posé par le sélectionneur Guillaume Gille, un briefing brouillon pendant soixante secondes où Dika Mem, notamment, prenait la parole, avant, à la reprise, de perdre la balle en la passant aux Allemands qui égalisaient au buzzer. La suite : prolongation et élimination de l'équipe de France à domicile. Depuis, l'arrière droit du Barça est revenu sur son erreur, assumée, qui lui a permis de "grandir, d'avancer". "J’ai arrêté de re-regarder l’action des Jeux, depuis longtemps, mais vous m’en parlez, je n’y échappe pas", admet-t-il en insistant surtout sur son regret de n'avoir pas, lors du temps mort, "envoyé un message de confiance au groupe". 

"Nettoyage complet" du cerveau

"En équipe de France je n’utilise pas le préparateur mental parce que je n’en ai pas besoin", confie-t-il, lui qui dispose de cette possibilité dans son club de Barcelone. "Les garçons n’attendent pas d’être en équipe de France pour travailler l’aspect de leur mental, confirme le sélectionneur Guilaume Gille. C’est au regard de l’enjeu des JO qu’on s’est rendu compte qu’il y avait peut-être un aspect collectif à aller sur cette dimension." Pierre Arthapignet a donc été intégré au staff des Bleus en tant que préparateur mental. "Un travail important a été réalisé pour à la fois en faire le bilan et arriver à laisser cet épisode derrière soi, sans qu’il laisse trop de traces dans l’inconscient collectif, comme dans les têtes au niveau individuel", souligne le sélectionneur. Le nouveau membre du staff parle d'"un traumatisme sur le plan psychologique", sur lequel il a fallu procéder, dès la rentrée à l'automne, à un "nettoyage complet" du cerveau.

"Sans botter en touche, je n’ai pas du tout l’impression qu’il y ait quelque chose à exorciser, tempérait pourtant Rémi Desbonnet. On a une ligne directrice dans ce Mondial. L’important c’est de gagner le prochain match. On les prépare tous de la même façon. Il y a une énorme détermination".

Loin de sa phase qualificative chaotique des Jeux (deux victoires, un nul, deux défaites), l'équipe de France, en remportant ses six matchs depuis le début du Mondial, a validé ses premiers objectifs. Mais elle n'a affronté aucun cador jusque-là. "On n’est pas là pour venger quoi que ce soit, les Jeux on ne les refera pas. La seule chose qui nous anime c’est de gagner des titres avec cette génération", tranche le gardien de but français. Pour y parvenir, le premier arrêt, c'est l'Egypte, histoire de faire coup double : enfouir un peu plus profondément le douloureux souvenir des Jeux et atteindre pour la sixième fois d'affilée le dernier carré d'un Mondial (série en cours depuis 2015).