Affaire Markovic, sexualité, querelles familiales... Une biographie d’Alain Delon entend lever certains secrets

Bernard Violet l’affirme, il n’a « jamais » cessé d’enquêter sur la vie d’Alain Delon. Le journaliste et écrivain de 75 ans publie jeudi Les Derniers Mystères Delon aux éditions Robert Laffont, une biographie de l’acteur décédé le 18 août 2024. Il y a 26 ans, Bernard Violet avait publié une première biographie de la star de cinéma, dans laquelle il aurait dû « zapper de nombreuses informations » sur les conseils d’un avocat. 

En 1998, Alain Delon lui-même avait tenté de faire interdire la biographie écrite Bernard Violet, « soit parce qu’elles étaient liées à la double vie du Samouraï, soit parce qu’elles ne contenaient pas assez de preuves tangibles », explique-t-il au Parisien . Cette fois, il met « à profit ces nombreuses années pour approfondir des pistes et concrétiser certains éléments importants ». L’écrivain annonce avoir réalisé plus d’une centaine d’interviews. « Je reprends certains passages inédits de mes anciens entretiens, que des témoins m’avaient demandé de garder secrets jusqu’à la mort de la star. Ce livre a aussi été nourri de nouveaux témoignages. Paradoxalement, le pataquès autour de la “biographie interdite” en 1998 a attiré vers moi de nombreux comédiens ou d’autres personnalités qui avaient côtoyé Delon. »

Parmi ses conclusions : « Delon était bisexuel, du moins durant les trente premières années de sa vie, explique-t-il. Romy Schneider  elle-même en avait fait la confidence à l’un de ses meilleurs amis. Ce qui est par ailleurs frappant dans l’histoire des débuts d’Alain Delon, c’est l’omniprésence de gays, dans le cinéma ou dans la presse. On peut citer son agent Georges Beaume et la plupart des journalistes qu’il fréquentait. Personnage libre et d’une ambition folle, l’acteur a vécu sa bisexualité probablement par goût et aussi avec un soupçon d’arrivisme. » Selon le biographe, «compte tenu de son époque et de son statut, la bisexualité de l’acteur était impossible à révéler ».

Des révélations sur l’affaire Markovic

« Sur la base de nombreux documents judiciaires, je pense que Delon a été la cible d’un chantage au sex-Polaroïd, mené par Markovic », raconte encore Bernard Violet. En octobre 1968, Alain Delon se retrouve au cœur d’une affaire qui a bien failli lui coûter sa carrière, après l’assassinat de son garde du corps, Stevan Markovic. Le chantage porterait « sur une photo sur laquelle on aurait vu l’acteur partouzer avec un jeune prostitué. Mais ni Delon ni son entourage n’étaient du genre à céder au chantage. Vraisemblablement, son ami le caïd du Milieu François Marcantoni a été chargé de donner au Yougoslave une correction qui a mal tourné », estime Bernard Violet.

« Alain Delon a toujours été fasciné par les truands. »

Bernard Violet.

L’écrivain détaille dans cette nouvelle biographie les « liens étroits, d’amitié et d’affaires, avec la fine fleur de la pègre française» de l’acteur. « Alain Delon a toujours été fasciné par les truands. Je pense qu’il s’inspirait de leur fréquentation pour ses rôles au cinéma. » Il cite entre autres : Jean-Dominique Fratoni, Joseph Khaïda, Tony Zampa ou encore Jacky Imbert. 

Concernant les affaires de familles d’Alain Delon, Bernard Violet maintient la version selon laquelle Ari Boulogne est le fils naturel d’Alain Delon. « Les faits avérés sont les nuits qu’Alain Delon a passées avec la mère d’Ari à New York en décembre 1961, soit neuf mois avant la naissance d’Ari », déclare-t-il. Quant à la guerre entre Anthony, Anouchka et Alain-Fabien Delon, il estime qu’en « favorisant sa fille unique et préférée, il a raté sa succession et fait éclater le clan Delon en morceaux ».