Édito. Emmanuel Macron annonce l’avènement d’un nouveau monde
À la veille du Conseil européen réuni jeudi 6 mars à Bruxelles, Emmanuel Macron s’est adressé mercredi 5 mars soir aux Français. Une allocution solennelle d’une douzaine de minutes avec un double objectif : alerter… sans affoler. Sonner la mobilisation générale, tout en s’efforçant de répondre à ce que le chef de l’État appelle les "inquiétudes légitimes" de nos concitoyens "devant les événements historiques en cours qui bouleversent l’ordre mondial".
Côté alerte, Emmanuel Macron a été clair : rien ne sera plus comme avant ! Nous entrons dans une "nouvelle ère" incertaine. D’une part parce que la Russie est "une menace", pas seulement pour l’Ukraine, mais "pour la France et pour l’Europe". Et puis à cause du désengagement des États-Unis de Donald Trump. Édito.
Pour faire face à ces nouveaux défis, il faut tout changer ! Les moyens, les méthodes, les mentalités parce que "les solutions de demain ne peuvent plis être les habitudes d’hier", selon les mots d’Emmanuel Macron. Les Européens s’étaient habitués depuis huit décennies à être protégés par le parapluie américain. Ce temps-là est révolu.
Un casse-tête budgétaire
En fait, un peu comme il l’avait fait à la sortie du confinement du Covid, le chef de l’État a de nouveau annoncé l’avènement d’un nouveau monde. Sauf que celui-ci est bien plus sombre, c’est un monde de guerre qui nécessite que les Européens se défendent seuls. Grâce à un effort d’investissements massifs qui sera au menu du Conseil. Mais aussi avec de nouvelles dépenses au niveau national pour porter le budget de la Défense de 2% à 3,5 % du PIB, soit 30 milliards d’euros. Où trouver l’argent ? Emmanuel Macron n’a pas répondu mercredi soir, mais il a reconnu que ce casse-tête budgétaire implique "des choix" et "des réformes". Pour rassurer nos alliés européens, le chef de l’État a confirmé qu’il souhaite ouvrir un "débat stratégique" sur l’éventuelle extension de notre dissuasion nucléaire à ceux qui en feraient la demande.
Emmanuel Macron a aussi tenté de rassurer d’abord en se posant en garant de l’indépendance nationale. Il a rappelé que la décision de recourir à l’arme nucléaire "restera entre les mains du président de la République, chef des armées". Une façon d’enterrer le faux procès engagé par Marine Le Pen qui hurlait déjà à la "trahison nationale". Et puis Emmanuel Macron a déposé un instant son képi de chef de guerre pour enfiler son costume de Président soucieux des contribuables. Et répéter le mot d’ordre auquel il est fidèle depuis 2017 : quelle que soit l’ampleur des dépenses militaires à venir, il n’y aura pas d’augmentation d’impôts. Comme dans le Guépard de Visconti, "il faut que tout change pour que rien ne change".