Israël : vers l’annexion de Gaza ?

L’offensive militaire israélienne qui ravage Gaza a un nom : l’opération Chariots de Gédéon. Dans la Bible, Gédéon, est un guerrier qui lève une armée avec l'aide de Dieu pour chasser une tribu d’envahisseurs des terres d’Israël. Dans la religion juive, il est considéré comme un libérateur. En lançant cette opération en mai dernier, le gouvernement israélien avait précisé son but : neutraliser le Hama et l'empêcher de prendre le contrôle de l’aide humanitaire, déplacer la population civile gazaouie vers le sud de l'enclave et prendre le contrôle sécuritaire du territoire. En bref, "conquérir Gaza".

Conquérir Gaza, l’annexer... C’est cette perspective que Benyamin Netanyahou envisage désormais comme imminente, une intention ébruitée dans la presse israélienne ces derniers jours. Le but, dit-on, est de faire pression sur le Hamas, pour l’obliger à relâcher les otages. Mais l’occupation de Gaza par l’armée israélienne ne garantit en rien de récupérer la vingtaine d’otages qui seraient encore en vie, fait valoir notamment le chef d’état-major israélien, Eyal Zamir, totalement opposé à une annexion de Gaza.

Administrer Gaza : intenable, selon l'armée

Les cadres de l’armée israélienne le savent : l’occupation de Gaza serait intenable. Sur cette terre détruite, piégée partout, avec une population ravagée par la faim, il faudrait des centaines et des centaines de soldats sur place, une gestion logistique monstrueuse pour administrer un territoire en guérilla. Or la guerre qui dure depuis bientôt deux ans, a épuisé les troupes, physiquement et moralement. Des réservistes disent ne plus vouloir retourner au front, des généraux menacent de démissionner. Les objectifs initiaux de la guerre ont été atteints. Le Hamas n’est plus une menace stratégique, affirment des centaines de hauts responsables sécuritaires israéliens. Ils ont écrit une lettre il y a deux jours à Donald Trump pour lui demander de l’aide.

Dans ce contexte, comment expliquer l'entêtement de Benyamin Netanyahou ? On dit son chef d'état-major au bord de la démission. Poussé par ses alliés d’extrême droite, Benyamin Netanyahou semble prêt à tout. Il y va de sa survie politique, qui ne résisterait pas à un accord, quel qu’il soit. La perte du pouvoir ouvrirait la porte à tous les procès dont son immunité le protège. Attaque contre le Hezbollah, contre l’Iran, contre la Syrie... Le Premier ministre israélien a montré qu’il était prêt à aller jusqu’au bout. Le seul bras qui pourrait encore le retenir est américain, celui de Donald Trump, seul à pouvoir mettre son véto. Ce n'est que là qu'on verra jusqu'où est prêt à aller Benyamin Netanyahou.