Frappes sur Gaza : Benjamin Netanyahu prévient que ce n'est que "le début"
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a averti mardi 18 mars que les frappes meurtrières menées la nuit précédente à Gaza n'étaient "que le début", affirmant que la pression militaire était indispensable pour assurer la libération des otages encore aux mains du Hamas.
Ces frappes – qui ont fait plus de 400 morts selon le ministère gazaoui de la Santé – sont les premières d'une telle ampleur et violence depuis l'entrée en vigueur de l'accord de cessez-le-feu le 19 janvier.
Le mouvement islamiste palestinien a appelé "les pays amis" à "faire pression" sur les États-Unis afin qu'ils poussent Israël à mettre fin à ses frappes sur la bande de Gaza. Il a accusé Israël de violer la trêve et de vouloir lui imposer un "accord de reddition".
Le Hamas "a déjà ressenti notre force ces dernières 24 heures. Et je veux vous assurer, à vous et à eux : ce n'est que le début", a déclaré Benjamin Netanyahu dans une allocution télévisée. Le chef du gouvernement s'adressait notamment aux familles d'otages israéliens retenus à Gaza, qui l'ont accusé de "sacrifier" leurs proches après les dernières frappes.
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Ces frappes, lancées avant l'aube sur la bande de Gaza, ont baissé d'intensité en début d'après-midi, d'après des témoins. "Où est la sécurité ? Où devrions-nous aller ? Qu'ils lâchent une bombe nucléaire sur nous et qu'on en finisse. Nous sommes fatigués de cette vie", a dit en pleurant Ahlam Abed, une déplacée dans le camp d'Al-Mawassi, dans le sud de l'enclave palestinienne.
Avant même un ordre israélien d'évacuation de régions du nord de Gaza, des familles palestiniennes ont fui, certains sacs et couvertures empilés sur leurs têtes, d'autres à bord de charrettes tirées par un âne.
"Ce n'est pas une attaque d'un jour"
Au moins 413 Palestiniens ont été tués dans les frappes de mardi, "en majorité des enfants et des femmes, et des centaines blessés", a indiqué le ministère de la Santé du Hamas, mouvement qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme terroriste par Israël, les États-Unis et l'Union européenne.
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Des responsables du Hamas et un du Jihad islamique figurent parmi les morts, selon les deux mouvements alliés.
"Désormais", les négociations sur la libération des otages encore à Gaza "ne se dérouleront que sous le feu", a affirmé Benjamin Netanyahu, qui estime que la pression militaire est "indispensable" pour assurer leur retour.
Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël, 58 restent retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée israélienne.
C'est cette attaque qui a déclenché la guerre à Gaza, avant son arrêt en application de l'accord de trêve arraché par les médiateurs – Qatar, États-Unis, Égypte. "Ce n'est pas une attaque d'un jour. Nous continuerons l'opération militaire dans les prochains jours", a déclaré le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar.
Des frappes menées "en totale coordination" avec Washington
Le gouvernement israélien a souligné que les frappes avaient été menées "en totale coordination" avec les États-Unis, son principal allié, pour qui le Hamas a "choisi la guerre" en refusant de libérer les otages.
Cette escalade fait craindre une reprise de la guerre à grande échelle dans le territoire palestinien assiégé, où Israël avait lancé une offensive destructrice en riposte à l'attaque du 7-Octobre.
Après 15 mois de guerre entre Israël et le Hamas, la première phase de l'accord de trêve est entrée en vigueur le 19 janvier ; 33 otages dont huit morts ont été restitués en échange d'environ 1 800 détenus palestiniens. Elle s'est achevée le 1er mars et, depuis, les négociations indirectes font du sur-place, les deux camps s'accusant mutuellement de les bloquer.
Le Hamas veut passer à la deuxième phase de l'accord, qui prévoit un cessez-le-feu permanent, le retrait israélien de Gaza, la réouverture des passages pour l'aide et la libération des derniers otages.
Israël souhaite une extension de la première phase jusqu'à mi-avril et réclame, pour passer à la deuxième, la "démilitarisation" de Gaza et le départ du Hamas.
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Un missile tiré du Yémen contre Israël
"Israël a accepté les propositions de l'émissaire américain Steve Witkoff pour une prolongation du cessez-le-feu, mais le Hamas les a rejetées deux fois", a accusé Gideon Saar, assurant que son pays n'avait "d'autre choix que de reprendre les opérations militaires".
"La pression militaire ne va pas les ramener, nous le savons d'expérience", a dit à Tel-Aviv Yaïr Horn, un ex-otage libéré après l'entrée en vigueur de la trêve.
Plusieurs États arabes et européens ainsi que la Russie, la Turquie et l'Iran ont condamné les bombardements israéliens à Gaza. L'Égypte a dénoncé une tactique israélienne pour pousser les Palestiniens à quitter Gaza. L'Iran a condamné un "génocide" et le président turc Recep Tayyip Erdogan a qualifié Israël d'"État terroriste".
"La population de Gaza vit à nouveau dans une peur abjecte", a déploré un responsable de l'ONU, Tom Fletcher.
Dans le sud d'Israël, les sirènes d'alerte ont retenti, l'armée israélienne indiquant avoir "intercepté" un missile tiré du Yémen, où les rebelles houthis, des alliés du Hamas, ont revendiqué le tir.
Avec AFP