Incendies à Los Angeles : cris de terreur, goût de cendre et parfum de lutte des classes
Les habitants de Los Angeles les ont baptisés « Palisades Fire » ou « Eaton Fire », du nom des quartiers partis en fumée : les mégafeux qui se sont déclenchés mardi en Californie continuent de semer la terreur. Selon un dernier bilan des autorités locales, 16 personnes ont perdu la vie dans les incendies, tandis que plus de 16 000 hectares et 12 000 structures ont été réduits en cendres. Après une courte accalmie, plusieurs foyers de feu risquent à tout moment de reprendre leur course infernale.
D’Anthony Hopkins à Paris Hilton en passant par Mel Gibson, ou encore Laetitia Hallyday et Patrick Bruel côté français, depuis cinq jours, les médias ont les yeux rivés sur les stars qui ont perdu leur villa dans la Cité des anges. « Dans des quartiers pauvres aussi, tout a brûlé. Il y a presque une forme d’indécence car les millionnaires qui ont quitté leur maison en ont rejoint une autre ; dans les quartiers populaires, les gens ont tout perdu, ils n’ont pas de maison de substitution », a rappelé la climatologue Françoise Vimeux dans l’émission C dans l’air, sur France 5.
Tous exposés, pas tous égaux
Si Pacific Palisades est un quartier du Nord-Ouest qualifié de huppé en raison des nombreuses propriétés de stars qui s’y trouvent, des populations moins aisées y vivent également. Elles n’ont pas eu droit à la même considération. Plus au nord, la localité – frappée de plein fouet – d’Altadena est peuplée par une forte communauté afro-américaine.
Ce quartier populaire a longtemps servi de refuge pour les familles noires qui fuyaient le racisme systémique en Californie. « Contrairement aux pertes matérielles des célébrités à Malibu, la dévastation à Altadena illustre en quoi les incendies aggravent les inégalités », a souligné la Black Entertainment Television (BET).
« L’approche ”people” du désastre invisibilise les plus vulnérables, s’y limiter est indécent. Personnellement, elle me blesse », s’est indigné le climatologue et coauteur du Giec Christophe Cassou sur X. Le scientifique a vécu à Altadena durant son prédoctorat. « Les incendies montrent cependant que l’extrême richesse ne permet pas de se protéger des feux et de leurs impacts rendus plus sévères dus au changement climatique. Face à l’inimaginable, serions-nous finalement tous exposés, égaux ? » questionne-t-il.
Tous exposés, assurément. Mais pas tous égaux. Sur X, un résident a mis le feu aux poudres en sollicitant le contact d’une société de pompiers privée pour protéger sa résidence à Pacific Palisades : « Je paierai n’importe quel montant », a-t-il conclu, avant de supprimer son message. De quoi raviver les critiques à Los Angeles contre ces services privés de lutte contre les incendies à louer. On peut se demander si ces « soldats du feu VIP » se circonscriraient ou non à la seule villa de leur client, abandonnant les plus modestes aux affres de la désolation.
« Jusqu’à maintenant, le patrimoine des riches et leur statut social ont fait que très souvent, ils n’ont pas eu à craindre les conséquences du réchauffement climatique (…). Est-ce que ce qu’il s’est passé va les pousser à être plus militants ? » s’est interrogé l’ingénieur Jean-Marc Jancovici, ce dimanche, au micro de RTL. Une prise de conscience nécessaire à l’heure où leur mode de vie, fortement émetteur en CO2, est, nous le répètent les scientifiques, une des causes de la crise climatique.
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