REPORTAGE. "L'espoir ne repose que sur Trump" : sur le front, ces Ukrainiens attendent beaucoup des promesses du nouveau président américain

Pendant tout sa campagne, Donald Trump, nouveau président des États-Unis, jurait qu’il serait capable de conclure un cessez-le-feu en 24 heures. Un délai qu’il a prudemment rallongé à six mois, alors qu'il a annoncé qu'il préparait une rencontre avec Vladimir Poutine. 

Pendant ce temps, sur le terrain ukrainien, la situation est plus que jamais difficile, avec des frappes russes jusque dans le centre de Kiev, et des combats acharnés pour conquérir de nouvelles zones stratégiques avant un éventuel gel des hostilités. Comme sur le flanc est, où se joue une bataille pour la ville de Pokrovsk, dont la population achève d’être évacuée. 

"S'il ne donne plus d'argent, la guerre s'arrêtera"

Il y a quelques heures, Olena, 83 ans, a dû évacuer. Elle a pris ses papiers, quelques vêtements, a noué un fichu jaune sur sa tête, attrapé sa canne et a quitté son village tout près de Kourakhove"Là-bas, c'est affreux. C'est tellement la guerre. Ce qu'il y a dans ma tête, là, vous ne pouvez pas savoir. Le bruit dans mes oreilles, les bourdonnements, mon Dieu..."

"Poutine ne va pas s'arrêter. Jamais. Pas avant d'avoir tout écrasé."

Olena, ukrainienne

à franceinfo

Olena a laissé une vie entière derrière elle. Sa maison, les poules, le petit potager qui lui permettait de vivre avec sa maigre retraite d'ouvrière agricole. Elle passera la nuit au centre de réfugiés de Pavlograd. Le lendemain, elle ne sait pas où elle dormira, ni où elle sera envoyée. "L'espoir ne repose que sur Trump, estime l'octogénaire. Il a dit 'Je ne donnerai pas un sou à l'Ukraine'. Et s'il ne donne plus d'argent, la guerre s'arrêtera."

Les habitants de Pokrovsk et ses alentours ont été évacués alors que les combats se rapprochent. (CLAUDE GUIBAL / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Sur le quai de la gare de Pavlograd, qui centralise l'arrivée des déplacés fuyant l'arrivée des Russes, des vies se déchirent. Ici, tous craignent la chute imminente de Pokrovsk, stratégique, au carrefour de plusieurs axes routiers aux portes du Donbass. Liouba a fini par partir.

"Qu'ils s'entendent sur un cessez-le-feu !"

"On aurait probablement crevé sous les ruines. Ça fait peur de rester en ville, c'est tellement effrayant ces derniers temps", confie Liouba. Pour elle, "cette bagarre, ces bombardements terrifiants" sont pour récupérer le contrôle de la mine de Pokrovsk, "la seule mine de coke [combustible] en Ukraine, et la coke, c’est la métallurgie". Cette mine est essentielle et stratégique dans la production d'acier ukrainien, deuxième source d'exportation du pays. L'évacuation de son personnel il y a quelques jours et sa mise à l'arrêt a été un coup dur.

La vieille dame sert compulsivement son manteau de fourrure autour d'elle. "Au moins, qu'ils s'entendent sur un cessez-le-feu, comme ça, les immeubles ne seront plus détruits", implore-t-elle. Sinon, où revenir ensuite ?"  La nouvelle promesse de Donald Trump, de régler la guerre en six mois, est le dernier espoir de Liouba.