Emploi, impôts, droits de douane… Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche va-t-il signer un nouvel âge d’or de l’économie américaine ?

Que va faire Donald Trump concrètement pour l'économie américaine ? Aux États-Unis, la question tourne en boucle dans les émissions de télévision. Son futur secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a été auditionné, jeudi 16 janvier, devant le Sénat et a promis "un nouvel âge d'or, qui créera plus d'emplois, de richesse et de prospérité pour tous les Américains."

Le programme est très ambitieux. Le candidat républicain, qui a remporté l'élection présidentielle le 5 novembre, prévoit notamment de pérenniser les baisses d'impôts votées durant son premier mandat, qui arrivent à terme en 2027, et même de les renforcer.

Mais les milieux économiques ne sont pas totalement convaincus. À Boston, un des hauts lieux de l'innovation, nous rencontrons Clément Cazalot, patron français installé depuis 15 ans aux États-Unis, et à la tête de Machinery Partner.

"Ça ne va pas changer le quotidien"

Quand on lui demande ce qu'il pense des promesses de la future administration Trump, il est beaucoup plus mesuré. "Ça crée des effets d'enthousiasme, explique le chef d'entreprise. Je suis dans le monde industriel et la baisse des taux d'intérêt ou les investissements dans les infrastructures, peuvent créer un engouement pour le futur. Mais la réalité, c'est que ça ne va pas changer le quotidien. La politique nationale n'impacte pas la réalité opérationnelle d'une entreprise, ni de l'innovation."

Clément Cazalot n'est pas le seul à nous dire qu'il ne s'attend pas à ce que l'arrivée de Donald Trump au pouvoir ne change grand-chose à la dynamique actuelle. Il faut dire que  l'économie américaine est en belle forme - la croissance américaine sur un an est de 3% et le taux de chômage de 4,1% - et ce patron le constate tous les jours.

"Un employé peut décider un lundi, je m'en vais de l'entreprise et le vendredi être employé par une autre entreprise qui va lui fournir un meilleur cadre pour s'épanouir, raconte Clément Cazalot. C'est une économie où la protection sociale est faite par cette négociation constante entre l'employeur et l'employé. Est-ce que tu me fournis la plateforme me permettant d'être heureux ou d'avoir les moyens de soutenir ma famille ?", s'interroge-t-il.

Des conséquences sur l'inflation ?

Quelque chose doit changer quand même : Donald Trump promet d'augmenter les droits de douane pour taxer davantage les importations chinoises, mexicaines, canadiennes ou encore européennes. Donald Trump, le dit lui-même, le mot "tariff", pour désigner les droits de douane en anglais, est "le plus beau du dictionnaire, plus beau que le mot amour, plus beau que le mot respect, ça va rendre notre pays riche".

Or, ce discours inquiète certains secteurs. À commencer par Paul Yang, importateur de vin français en Californie. S'il le formule avec le sourire, la réalité est morose : la hausse des droits de douane fera des ravages, selon lui.

"Cela a causé de gros dégâts dans nos affaires lors du premier mandat de Trump et ce sera encore le cas cette fois. Après je dis ça, mais je ne veux pas me retrouver sur la liste de ses ennemis."

Paul Yang, importateur de vin français

à franceinfo

Les années post-Covid ont été compliquées pour les ventes de ce petit patron. Il travaille avec une quarantaine de producteurs français. "Trump se dit : 'Oh, si j'augmente les droits de douane, ça fera plus de recettes pour le pays'. Non, si j'en paye plus, je vendrai ma marchandise plus cher aux distributeurs et aux restaurateurs qui eux, la revendront plus cher aux clients", argumente Paul Yang.

Pour Philippe Milgrom, un Français installé depuis 25 ans en Californie et qui commerce avec des centaines de producteurs, d'importateurs et de distributeurs, ces droits de douane vont certes "peser sur l'inflation", mais, pour lui, "les vins français évoluent entre 10 et 20 dollars. Ce n'est pas parce que ça coûtera 22 dollars que ça changera quelque chose à la consommation, pas d'une façon conséquente".

Faut-il s'attendre à une hausse de 25% des droits de douane comme en 2017 ou de 10% comme l'affirment les lobbies du vin en pleine négociation avec l'équipe de Donald Trump ? Mais sur quels produits et à partir de quand ? C'est l'incertitude. Et pas seulement sur les "tariffs", mais sur toutes les annonces du milliardaire. Va-t-il tenir parole ou bluffe-t-il ? Les Américains comme les Européens sont confrontés aux mêmes interrogations. Donald Trump est une équation à plusieurs inconnues.