Station-service : 1 litre d’essence acheté, mais combien dans le réservoir ? On a fait le test

Nouveau haro contre les stations essences des enseignes E.Leclerc, connues pour leurs prix discounts et opérations régulières de carburant à prix coûtant. «On se fait tous arnaquer», crie cet internaute relayé le 28 avril dernier sur Instagram par le compte «parisien__95». L’enquêteur en herbe s’est appliqué à verser un litre d’essence dans un verre doseur - habituellement dédié à préparer des mojitos ou de la sangria.

Verdict selon lui , il manque au moins un tiers du litre d’essence, pourtant affiché sur le compteur de la pompe. «Les gars, c’est une dinguerie. On se fait arnaquer depuis le début», a-t-il ensuite conclu.

L’année dernière déjà, en avril 2024, une polémique avait éclaté autour de plusieurs stations-service E.Leclerc en Gironde. Des automobilistes accusaient l’enseigne de «couper» son essence avec de l’eau, après avoir constaté des dégradations mécaniques de leur véhicule. Face à la multiplication des témoignages sur les réseaux sociaux et à la médiatisation de l’affaire, Michel-Édouard Leclerc, président du groupe, avait nié toute présence d’eau dans les cuves, assurant que les analyses internes ne révélaient aucune anomalie, rappelant que seuls 50 clients avaient déposé une réclamation sur 450.000 pleins quotidiens. «Il peut y avoir ici ou là un problème de surhumidité dans une cuve, un problème humain de mauvais versement», avait-il ensuite expliqué confirmant que des indemnisations seraient versées si des problèmes étaient «documentés». 

Notre vérification à Levallois

Bref, face à la potentialité d’une nouvelle polémique concernant l’essence des magasins Leclerc, Le Figaro s’est rendu à Levallois (Hauts-de-Seine) dans une des stations-service de l’enseigne. Équipés d’un verre doseur, nous avons pris exactement un litre à la pompe (un exploit !) que nous avons versé directement dans notre récipient. Résultat : un litre nous a bien été délivré. À part quelques gouttes que nous nous sommes renversées dessus. Gouttes nous délivrant une seconde information : l’essence ne tache pas forcément les vêtements.

Verre doseur à la main, Leclerc délivre bien un litre d’essence pour un litre affiché sur le compteur Photo personnelle

Sur Instagram, des internautes avaient déjà repéré la supercherie avec cet argument : le verre doseur utilisé avait une contenance de deux litres. En réalité, l’ustensile utilisé fonctionne avec les quantités des ingrédients indiquées dans l’ordre dans lequel il faut les ajouter. «Lorsque tu suis la recette, tu ajoutes en dernier 1 litre d’eau gazeuse , et à ce moment-là, le volume total dans le verre atteint 2 litres. Cela est tout à fait logique, car si le verre a une capacité totale de 2 litres, la graduation indiquant 1 litre ne peut pas se trouver tout en haut du verre», explique un des commentaires de la vidéo.

La réglementation comme garde-fou

Et puis, selon la réglementation en vigueur concernant l’ensemble des mesurages routiers, les pompes à essence sont soumises à la «métrologie légale». Autrement dit, elles doivent être vérifiées périodiquement par des organismes agréés afin de garantir que le volume affiché corresponde bien au volume réellement délivré. Une vignette verte est apposée sur les instruments conformes, indiquant la date de validité du contrôle. En cas de non-conformité, une vignette rouge interdit l’utilisation de la pompe jusqu’à remise en conformité et nouveau contrôle (ces obligations sont détaillées dans le cadre général de la métrologie légale, consultable sur le site de la Direction générale des Entreprises).

Surtout, les automobilistes connaissent bien la capacité de leur réservoir et «s’il y avait une arnaque, ça se saurait» suggère un internaute : «ton réservoir fait 45 litres et tu paies 45 litres, c’est qu’il n’y a pas d’arnaque...».