Les 90 ans de Brigitte Bardot : « Il y a un moment où je me dis que je préférais avoir 20 ans »
Brigitte Bardot ou l’art de plaire et de déplaire... Voici comment elle a commencé sa conversation téléphonique avec un journaliste de l’AFP, qui à quelques jours de son 90e anniversaire, le 28 septembre exactement, voulait évoquer avec elle sa vie et ses combats: «Il pleut à verse, et j'ai tout mon courrier à ouvrir !».
Malgré cet emploi du temps chargé, l’héroïne de Et Dieu...créa la femme, accepte de donner vingt minutes de son temps pour répondre aux questions du journaliste. L’entretien commence tambour battant. Le 28 septembre sera-t-il un jour particulier? La réponse fuse comme une réplique du Mépris de Godard: « Vous êtes gentil, mais j'en ai marre de cet anniversaire ! J'en ai assez, parce que c'est un harcèlement, je suis vraiment beaucoup demandée de tous les côtés. Heureusement que ce n'est pas tous les jours que j'ai 90 ans ! ».
Notre confrère, étonné par cette pique aux accents de paradoxe rebondit en lui disant, «Pourtant beaucoup de gens pensent à vous». B.B., peut-être touchée par l’intérêt qu’on lui porte, explique sa première réaction: « C'est adorable, mais au bout d'un moment, ça n'arrête pas ! Il y a un moment où je me dis que je préférais avoir 20 ans ! » Vingt ans et l'âge de faire du cinéma ? « Non, c'est fini tout ça ! Je suis très contente d'être arrivée à un âge aussi canonique », estime l'ancienne actrice. Elle n’élude pas son âge. «Je n'y pense vraiment pas. Pour moi, tous les jours sont pareils... Je les prends avec autant de facilité qu'avant. (...) Je regarde le temps passer et je trouve que ça va très bien !».
Si le 7e art pour elle n’est plus qu’une image d’un passé nostalgique, elle continue en revanche de défendre ce qui restera comme le grand combat de son existence, la défense des animaux: «Pour les animaux par exemple, c'est pas drôle tous les jours, les choses ne s'améliorent pas. Ce qui me fait aller bien, c'est ma façon de voir la vie, de m'intéresser à la nature, de fuir l'humanité. Je fuis l'humanité et j'ai une solitude silencieuse qui me va très bien.»
Pour Brigitte Bardot, l’icône du cinéma des années 1960 et 1970, n’est donc plus qu’un souvenir. Pour elle, aujourd’hui seule compte la cause animale. Une bonne surprise pour son anniversaire ,qui lui ferait vraiment plaisir ? «Le plus beau cadeau que j'aurais pu recevoir, après 50 ans de supplications aux gouvernements, aux différents présidents, c'est l'abolition de l'hippophagie. Quand j'ai abandonné le cinéma, c'est la première chose que j'ai demandée. Qu'on ne tue plus et ne mange plus les chevaux en France. Eh bien, je n'ai rien du tout ! Ça aurait été pour moi un cadeau formidable.»
B.B. se montre donc toujours aussi pugnace et fière d’avoir pu faire avancer la cause animale dans l’esprit des Français. «Ils ont compris, ils m'ont soutenu, explique-t-elle. Ils m'écrivent des lettres qui me font un bien fou. Je les remercie infiniment du courage qu'ils m'apportent.» Avec la fondation qui porte son nom, elle entend poursuivre le combat jusqu’au bout. La preuve avec le sort de Paul Watson, défenseur des baleines, arrêté et détenu au Groenland par les autorités danoises et sous le coup d’une demande d’extradition formulée par le Japon. «C'est un problème gravissime, qui me fait beaucoup souffrir, confie Brigitte Bardot. On lui fait subir une injustice flagrante ! La Norvège, l'Islande et le Japon sont en contradiction avec le moratoire (sur la pêche à la baleine) signé par le monde entier. Et c'est Paul Watson qui est accusé ! C'est invraisemblable.»