Tour de France 2025 : il gagne tout et écrase la concurrence… Pourquoi la cote de popularité de Tadej Pogacar reste si élevée ?
Tadej Poga-star. Le triple vainqueur du Tour de France a déjà marqué la Grande Boucle 2025 de son empreinte, mardi 8 juillet, en s’imposant à Rouen devant Mathieu van der Poel et Jonas Vingegaard. Une 18e victoire d’étape sur le Tour pour le Slovène, mais une 100e en carrière, à seulement 26 ans. Mais même si le Slovène a tendance à tout gagner, sans toujours ménager le suspense, il reste extrêmement populaire auprès du public.
"Bonsoir Lille ? Comment allez-vous ?". Il n’en fallait pas plus que ces quelques mots en français lors de la présentation des équipes à Lille pour que Tadej Pogacar ne séduise un peu plus le public. L’ovation qu’a reçu le champion du monde était sans commune mesure avec celle, beaucoup moins bruyante, reçue par son rival de chez Visma-Lease a bike. Et chaque matin au départ, c’est définitivement le bus de son équipe, UAE Team Emirates XRG, qui attire le plus de supporters.
Il fait rêver Bernard Hinault
"Il a le panache, dans ses victoires, sur tous les terrains. Même les courses qui ne sont pas pour son profil type, il essaye de les gagner", souligne Benjamin, très grand fan du Slovène, croisé sur la Grand Place de Lille, avec le maillot de son idole sur le dos, et la casquette "TP" sur la tête. Ce supporter français n’est pas lassé de ses multiples victoires en solitaire, parfois sans suspense. "Il veut tout remporter, c’est du spectacle aussi. Quand il part seul à 80 kilomètres de l’arrivée, on ne sait pas si ça va tenir. Il y va seul, en gladiateur, seul contre tous, c’est beaucoup plus chouette à voir qu’il y a 10 ou 15 ans, quand les équipes roulaient et que les leaders finissaient".
/2025/07/08/img-1273-2-686d49963a8c1233418607.jpg)
Invité de l’émission Velo Club à l’arrivée à Rouen, Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour, semble du même avis. "Depuis qu’il est arrivé, au moins, on a des attaques. Il ne se pose pas la question, il n’hésite pas à attaquer de très loin, on n’a pas eu ça pendant longtemps et ça nous fait rêver, nous les vieux. Il s’amuse sur un vélo et c’est génial", se réjouit le Blaireau.
Et au-delà de son palmarès, qui compte aussi deux Tours des Flandres, trois Liège-Bastogne-Liège, et quatre Tours de Lombardie, c’est la personnalité du Slovène qui plaît. Un fan club a même été créé pour lui en Belgique en 2019, avant qu’il ne remporte son premier Tour de France, alors que le pays compte déjà beaucoup de stars. "Mais il y a déjà trop de fan clubs pour Remco Evenepoel ou Wout van Aert, alors on voulait supporter un coureur qui n’avait pas de fan club en Belgique, le président a choisi Tadej Pogacar, raconte son vice-président Kris Mahieu, croisé sur la route du Tour de France. Et finalement, on voit plus facilement Tadej chez nous que les fans clubs de Belges ne voient leurs coureurs. Il est resté simple, accessible. Notre président a même dormi chez ses parents, et ils sont aussi venus chez nous avec leur camping-car. On leur a fait visiter la région comme eux nous ont fait visiter la leur".
/2025/07/08/dsc-0905-686d4946ca7e5218346325.jpg)
Sur les réseaux sociaux, le Slovène aime aussi plaisanter et se montre naturel. Il compte 2,2 millions de followers sur Instagram, un chiffre qui a augmenté de 400 000 followers en un an, et qui a doublé par rapport à il y a deux ans. "Il est fun, c’est un beau vainqueur et un beau perdant. Quand il perd, il perd avec le sourire, il va toujours féliciter les autres. Il a un côté quand même plus fun que ce qu’on a pu connaître ces dernières années", souligne Pierre Rolland, ancien coureur et porteur du maillot blanc dans sa jeunesse, comme Tadej Pogacar. A l’avant du peloton ces derniers jours, Kévin Vauquelin le côtoie de plus en plus régulièrement et apprend à l’apprécier. "Il est en course comme il se montre, on ne l’entend jamais rouspéter, il est très respectueux. C’est un beau coureur, parce qu’il court à l’instinct et c’est ce que veut le public", a confié le Normand sur le plateau de Vélo Club.
"J'espère ne pas être déçu dans cinq ou dix ans"
Même s’il montre quelques fois des failles, comme lors de Paris-Roubaix où il a chuté en prenant mal un virage sur les pavés, ou lors de l’Amstel Gold Race où son raid solitaire n’a pas abouti, ses nombreuses victoires soulèvent toujours des soupçons de dopage. Sa domination rappelle forcément celle de Lance Armstrong au début du siècle. "Comme tout le monde, il a le droit à la présomption d’innocence. Tant qu’on ne prouve pas qu’il est dopé, il est considéré comme innocent, d’autant que c’est le sport le plus contrôlé au monde, affirme Benjamin. J'espère ne pas être déçu dans cinq ou dix ans comme on l’a été par le passé".
Au sein du peloton, les performances du Slovène ne font pas toujours rire. "Sur les dix premières étapes, il peut en gagner quatre ou cinq", affirme Arnaud Démare (Arkéa-B&B Hôtels). "L’avoir dans le peloton change beaucoup de choses. Dans le bus, maintenant, on parle plus souvent de la deuxième place que la première", reconnaît même Bastien Tronchon (Decathlon-AG2R La Mondiale).