Affaire Ubisoft : « On espère que cette condamnation va permettre à de nouvelles victimes de témoigner »
Les victimes se sont tombées dans les bras à la sortie du prononcé de délibéré. « On est encore sous le choc, mais on est aussi soulagées », souffle l’une d’elles. Maude Beckers, leur avocate, a les yeux qui brillent. « C’est une peine exemplaire », selon elle, que vient de prononcer la présidente, ce mercredi après-midi, au tribunal de Bobigny contre les trois ex-cadres d’Ubisoft poursuivis pour harcèlement moral et sexuel. Avant de rentrer dans la salle d’audience, l’avocate des plaignantes confiait qu’elle espérait que la justice allait reconnaître, en plus des faits pour lesquels ils étaient jugés, que les prévenus avaient, par leur comportement, permis à d’autres de devenir harceleur.
Et, en effet, en déclarant coupables Thomas François et Serge Hascoët (ex-numéro 2 d’Ubisoft), la présidente a souligné que non seulement leurs propos et comportements relevaient du harcèlement moral, mais aussi qu’ils avaient eu « pour effet la dégradation des conditions de travail des assistantes de Serge Hascoët et de tout le service de l’éditorial ». La même logique a prévalu sur le harcèlement sexuel. S’adressant directement à Thomas François, le seul prévenu présent à l’audience : « Vous avez reconnu faire des chat-bites, mimer des actes sexuels dans un ascenseur… Et vous avez imposé ces faits à tous les collègues présents. » Des actes qu’elle a qualifiés de « dégradants, et qui ont porté atteinte à la dignité des personnes ».
Vers une jurisprudence Ubisoft ?
« On espère que cette condamnation va permettre à de nouvelles victimes de témoigner », a réagi Chakib Mataoui, qui représentait Solidaires informatique au procès. Récentes ou non, car le tribunal a rejeté toute exception de prescription, estimant que les faits de harcèlement étaient constants et répétés sur toute la période de prévention. « Ce jugement pourrait devenir une jurisprudence Ubisoft, il envoie en tout cas le message aux managers que si vous couvrez du harcèlement, vous vous en rendez complices », poursuit le syndicaliste.
Maude Beckers renchérit : « Chaque fois, la présidente a insisté sur les conséquences de leurs actes sur l’environnement de travail, la souffrance est collective, le harcèlement chez Ubisoft ne relève pas de quelques individus isolés. » Ce jugement vient ainsi renforcer la citation directe qu’elle a déposée début juin, ciblant l’entreprise, sa DRH et Yves Guillemot, le PDG. Il pourrait bien y avoir un second procès Ubisoft.
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité.
- En exposant la violence patronale.
- En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
- En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
Vous connaissez d’autres médias qui font ça ?
Je veux en savoir plus !