«Une marche arrière grave» : les associations de cyclistes dénoncent la fin des aides de l’État pour acheter un vélo

Début décembre, le plan vélo a mis pied à terre. Au grand dam des amateurs de la petite reine. Publié le 29 novembre dernier, un décret a supprimé le bonus écologique pour les cycles à partir du 2 décembre. Celui-ci datait de 2017, et permettait d’aider financièrement les Français désireux de se tourner vers ce mode de transport écologique et économique.

Le décret daté de fin novembre est venu y mettre un terme, à compter du 2 décembre. Le texte laisse un sursis de quelques semaines «pour les vélos commandés ou dont le contrat de location a été signé avant le 2 décembre 2024», et dont la facturation ou le versement du premier loyer interviendra avant le 14 février 2025. Pour les autres, les aides seront purement et simplement supprimées. 

Bien loin de l’ambition de «Nation vélo» défendue par Élisabeth Borne lors de son passage à Matignon, ce recul du gouvernement sur la promotion des déplacements à vélo fait bondir les associations d’usagers. «C’est une marche arrière grave du gouvernement qui remet en cause l’atteinte des objectifs du plan Vélo», dénonce la Fédération française des usagers de la bicyclette (Fub) dans un communiqué publié fin novembre. «Faire de la France un pays cyclable se transforme en une illusion et l’augmentation de la part modale du vélo à 12% en 2030, un objectif que l’État s’est lui-même fixé, devient une chimère», déplore l’association.

En octobre dernier, la Fub avait déjà tiré la sonnette d’alarme après la disparition de ce plan du budget examiné par les parlementaires. Prolongé par Élisabeth Borne en 2023 et chiffré à deux milliards d’euros, il devait pourtant s’étendre jusqu’en 2027 pour développer des infrastructures sécurisées pour le vélo et la marche mais aussi pour «rendre le vélo accessible à toutes et tous, dès le plus jeune âge et tout au long de la vie». «Ce décret vient à nouveau détricoter une politique publique menée avec succès depuis plusieurs années», déplorait de son côté l’Alliance pour le vélo, regroupement de plusieurs associations, le 5 décembre dernier.

«Un coup d’arrêt pour trois à quatre ans»

Avant sa suppression, le bonus vélo s’élevait de 150 à 2000 euros selon les types de vélo et les ressources du ménage. Le montant de la prime à la conversion pouvait même atteindre 3000 euros pour l’achat d’un vélo à assistance électrique neuf ou d’occasion, en échange de la mise au rebut d’un véhicule motorisé. En 2023, quelque 2,2 millions de cyclistes ont bénéficié de ces aides pour un montant total de 40 millions d’euros.

Pour justifier cette suppression, François Durovray, ministre démissionnaire en charge des Transports, pointait du doigt le contexte budgétaire. «L’État est plus dans son rôle sur les infrastructures de mass transit, notamment le ferroviaire, que sur une piste cyclable portée par une collectivité locale», ajoutait le ministre. De quoi faire bondir plusieurs élus locaux. «Ça va nous mettre un coup d’arrêt pour trois à quatre ans», le temps de relancer les projets après les élections municipales de 2026, regrettait notamment François Cuillerier, président de la Commission transports, mobilité et voirie de l’Association des maires de France.