L’e-commerce est-il vraiment moins polluant que les magasins traditionnels ?
La période du Black Friday s’est imposée comme le point d’orgue des ventes en ligne. Et des rivalités entre plateformes numériques et commerçants. Dans leur récente passe d'armes médiatique au sujet d'une campagne de communication du gouvernement incitant à moins acheter, Christophe Béchu et Bruno Le Maire ont finalement trouvé un point d’entente : critiquer «plutôt les plateformes de vente en ligne que les commerces physiques», et notamment le chinois Shein, «qui repose sur un modèle qui n'a pas de place, ni pour la planète, ni pour la durabilité», matraquait le ministre de la Transition écologique.
Cette vision unilatérale est rejetée en bloc par les acteurs de l’e-commerce. Comme Frédéric Duval, le directeur général d’Amazon France, qui s’en est offusqué ce vendredi dans les colonnes de 20 Minutes. «L’e-commerce est moins polluant que le commerce de détail», tonne cette figure de la vente en ligne. Une position de rupture avec la doxa, défendue par une analogie. «On est d'accord que si on demandait à chacun d'aller chercher son courrier à la Poste, ce serait beaucoup plus polluant que de demander à un facteur de distribuer le courrier, avance Frédéric Duval, Eh bien, l'e-commerce, c'est exactement ce facteur appliqué à la distribution de biens». Pour soutenir son argumentation, le patron d’Amazon France s’appuie également sur «trois études indépendantes» qui auraient démontré son propos. Une émanant du cabinet de conseil international Oliver Wyman, l’autre du prestigieux MIT (Massachussetts Institut of Technology), et la dernière de l’Agence française de la transition écologique, l’Ademe.
Sauf qu’avec plus d’un milliard de colis livrés par an rien qu’en France, les émissions de gaz à effet de serre du commerce en ligne seraient au minimum de l’ordre d’un million de tonnes de CO2, rappelle l’Ademe en ouverture de l’étude citée. Un chiffre monumental qui entretient le doute. Avec de si importantes émissions carbones, comment l’e-commerce pourrait-il être moins polluant que le commerce traditionnel ? Le Figaro a cherché à y voir plus clair.