Cyclisme : "On veut y aller à 100% pour elle"... A peine intégrée, Demi Vollering fait l'unanimité dans l'équipe FDJ-Suez
Elle a donné ses premiers coups de pédale sous les couleurs de l'équipe française FDJ-Suez, jeudi 13 février, sur la Semaine cycliste valencienne (jusqu'au 16 février), en Espagne, et l'a emporté lors de la 1re étape. Demi Vollering, star du peloton féminin et recrue phare de l'intersaison, lance le début de son opération reconquête du trône sur le Tour de France femmes, perdu pour quatre secondes en 2024. Même si, pour l'heure, l'objectif est avant tout de remettre la machine en route sur un tracé sans grande ascension.
Deux jours plus tôt, elle était au centre de l'attention à Boulogne-Billancourt, dans les locaux de la Française des Jeux, à l'occasion de la grande messe de rentrée de sa nouvelle équipe. Par sa simple présence, la cérémonie a pris une tout autre ampleur que les années précédentes. Face aux nombreuses demandes d'accréditation, FDJ-Suez a dû scinder journalistes français et étrangers en deux sessions différentes.
Perte de repères et nouvel élan
Demi Vollering a pris la parole sur scène, en anglais, avant d'enchaîner les interviews en zone mixte, jouant le jeu pendant près d'une heure, gardant le sourire jusqu'au moment où cette dernière a pu enfin ranger le masque et souffler. "Cette équipe a le feu que je cherchais", appuie la Néerlandaise, convaincue que "prendre des routes inconfortables pour se lancer des défis" était la meilleure chose à faire à cet instant de sa carrière. Si elle rejoint quatre compatriotes dans l'équipe française – parmi elles, elle n'a connu que Loes Adegeest une saison à Parkhotel, en 2019 –, cette dernière a perdu tous ses repères en quittant l'armada SD-Worx.
"Dans ma précédente équipe, j'avais l'impression que je ne pouvais pas être totalement moi-même. J'étais plus en mode 'serre les dents et continue'. Chez FDJ-Suez, je ne marche pas sur des œufs pour exprimer ce que je ressens. J'ai l'impression qu'on me prend d'abord comme une personne, avant de voir l'athlète", apprécie la coureuse de 28 ans qui a décroché 32 victoires professionnelles au cumul des deux dernières saisons (autant que toutes les coureuses de FDJ-Suez sur la même période).
"Elle est tout sauf quelqu'un d'arrogant"
Demi Vollering qui vit ses premiers jours en compétition avec ses nouvelles coéquipières, a appris à les connaître cet hiver lors de stages et de tournages de clips vidéo, notamment pour Nike, sponsor prisé (et surtout absent du vélo) qu'elle a attiré dans son sillage. "Je ne la connaissais pas vraiment. Quand on est rivales, forcément on n'a pas trop le temps d'échanger. Avant, je n'osais pas trop aller la voir (...). J'ai été agréablement surprise. Elle est très posée, ne prend pas trop de place et est tout sauf quelqu'un d'arrogant", a observé la Française Juliette Labous, autre recrue star de l'intersaison.
Au sein de l'encadrement de l'équipe, on apprécie les efforts d'intégration de Demi Vollering et son implication dans la réflexion sur la performance. Quand "Stade 2" la suit en stage en Espagne [voir la vidéo ci-dessus], elle n'hésite pas, au cours d'un briefing, à discuter du bon moment pour consommer des gels énergétiques. La Néerlandaise est du genre perfectionniste, à ne voir que les marges d'amélioration. À la fin du dernier Tour de France, conclu à la deuxième place, seule la dévastation prévalait après avoir pourtant remporté l'étape la plus dure de la jeune histoire de la course, au sommet de l'Alpe d'Huez, tout en traînant une fracture du coccyx depuis trois jours.
La question du partage des rôles
L'année dernière, l'absence de soutien de ses coéquipières après sa chute dans le final à Amnéville avait surpris tout le monde. En 2025, jouer sa carte personnelle et ne compter que sur soi-même n'est pas l'objectif fixé par l'équipe FDJ-Suez. L'idée est de pouvoir compter sur des alliées de choix.
Elle pourra notamment s'appuyer sur Evita Muzic, 4e du dernier Tour, la seule coureuse à l'avoir battue dans une montée sèche la saison passée et sa binôme de chambrée depuis son arrivée. La présence de Juliette Labous, qui a terminé dans le Top 5 des trois Grands Tours, et le renfort de la grimpeuse suisse Elise Chabbey, font qu'elle bénéficiera d'un des meilleurs trains en montagne du peloton, si ce n'est le meilleur.
Juliette Labous a ainsi accepté d'abandonner son statut de leader incontesté à la DSM pour aider Demi Vollering sur le prochain Tour de France femmes. "C'est venu naturellement de la part d'Evita et moi de dire qu'on veut y aller à 100% pour Demi. Je ne suis pas du tout frustrée, a assuré la championne de France. C'est de la pression très positive."
"Quand j'ai signé, je savais qu'on serait trois leaders, mais je ne savais pas encore qui. Le fait que ce soit Demi facilite les choses parce qu'elle est clairement un cran au-dessus."
Juliette Labous, championne de France et membre de l'équipe FDJ-Suez
Même si certains observateurs craignent un casse-tête stratégique et un terrain propice pour frustrer les deux meilleures Françaises du peloton, les intéressées ne voient que le positif et la possibilité de jouer plus souvent la gagne sur des étapes, sans avoir à se soucier de défendre une place au classement général. Pour Evita Muzic, le Tour 2024, son premier dans la peau d'une leader, lui avait mis "énormément de pression". "Ce ne sera pas plus mal de partager ça avec d'autres filles. Avoir Demi ou Juliette derrière, on est plus libérée. On peut avoir un jour sans et se rater. On peut courir plus agressif, prendre du plaisir à attaquer", note la coureuse de 25 ans, qui aura l'occasion de renouer avec ses talents de puncheuse.
Si le Tour de France femmes est l'objectif majeur de l'équipe FDJ-Suez – "on y va pour gagner et ramener le maillot jaune", assume son patron historique Stephen Delcourt –, Demi Vollering, Evita Muzic et Juliette Labous n'ont pas le même programme de courses en 2025. Les deux Françaises partageront notamment le leadership sur le Giro en juillet, trois semaines avant le Tour. Pour assister aux premiers pas de la triplette, il faudra attendre le 8 mars et les Strade Bianche, "le premier gros objectif de la saison".