Les entreprises poursuivent leur virage électrique
Fin février, l’arrêté paru au Journal officiel sur les avantages en nature sur l’automobile avec effet rétroactif, a fait l’effet d’une bombe au sein des entreprises. Outre le malus au poids, y compris sur les hybrides rechargeables, et l’arrêt du bonus écologique depuis plus d’un an, les entreprises ne semblent plus avoir d’autres choix que de se tourner vers l’électrique pour leur parc, parfois au détriment de leurs propres besoins. Cette volonté clairement affichée du gouvernement d’accélérer le verdissement des flottes paraît déjà porter ses fruits. Rien qu’en mars, les immatriculations de voitures électriques ont bondi sur le canal des sociétés, des acteurs de la location longue durée et des administrations de 54,2 % (source AAA Data) ; cela a représenté 9 166 unités. Résultat, la part de marché de cette énergie a atteint le mois dernier 22,9 % contre 13,3 % en mars 2024.
Néanmoins, si l’on prend de la hauteur, le bilan sur le premier trimestre n’est pas très positif. Dans un marché en baisse de 7,8 %, celui des ventes à destination des professionnels s’est contracté de 9,4 % (113 487 voitures particulières). Dans le détail, une voiture sur deux est aujourd’hui hybride, une progression fortement portée par l’offre produit. De leur côté, les immatriculations de modèles 100 % thermiques se contractent, qui, faute de proposition, se réduisent comme peau de chagrin. L’essence couvre désormais une part de marché de 16,8 %, tandis que celle du diesel n’est plus qu’à 7,8 %. En revanche, l’électrique poursuit sa progression avec une hausse de 42,1 %, soit 23 736 unités. Cela signifie qu’une voiture sur cinq acquises par les entreprises est électrique. C’est un peu plus que sur le canal des particuliers où la part n’est que de 18,2 % contre 20,9 %.
Renault, numéro un
Sur l’utilitaire, le repli est même plus important puisqu’il est de 11 % à 66 474 immatriculations. Si les électriques progressent de 5,7 %, leur part de marché (9,3 %) reste néanmoins très mesurée. Cette faible pénétration montre que cette énergie peine toujours à séduire malgré une offre pléthorique ; la quasi-totalité de la gamme de tous les acteurs présents sur le marché se décline en version à batterie.
Dans le domaine du véhicule particulier, Renault s’installe durablement sur la première marche du podium. Au cours du premier trimestre 2025, le constructeur a écoulé 7 521 Clio dont environ un tiers en version hybride. Avec 6 268 voitures, Peugeot place sa 208 en deuxième position. La version électrique, la e-208, représente 22 % de ce volume. Le SUV Peugeot 3008 remporte la médaille de bronze avec 5 409 immatriculations à destination des entreprises, dont seulement 12 % en électrique (e-3008). Sur le marché du premium, aucun acteur ne tire son épingle du jeu. BMW recule de 29,2 % tandis qu’Audi glisse de 37,2 %. Quant à Mercedes-Benz, c’est pire : les immatriculations ont été divisées par deux.
Les évolutions du marché difficiles à prévoir
Si l’on fait un focus sur l’électrique, Tesla a beau dégringoler de 41,1 % depuis le début de l’année, le Model Y reste encore le véhicule le plus vendu dans les entreprises sur les trois premiers mois, à 2 229 unités. Mieux, il progresse de 22,4 %. Mais dans le contexte géopolitique actuel, jusqu’à quand ? Surtout, à qui pourrait profiter un possible désistement des clients ? La réponse semble aller chercher du côté du losange. Avec 2 124 unités, le Renault Scenic E-Tech talonne le Model Y et a surtout relégué le Model 3 à la sixième place du classement (988 unités soit une chute de 44,7 %). Renault place également dans ce classement deux autres modèles, la R5 E-Tech et la Mégane E-Tech, respectivement en quatrième et en septième position. Autre surprise, l’arrivée de la Citroën ë-C3, qui pointe à la cinquième place et celle du Skoda Enyaq (neuvième place), qui comme le Scenic, se positionne comme une alternative très crédible au Tesla Model Y. Avec seulement sept unités d’écart, le modèle de la marque tchèque s’est d’ailleurs vendu quasiment autant que le Peugeot e-3008. Les clients du lion semblent largement préférer la version hybride qui couvre près de 90 % des immatriculations ! Nous sommes très loin des ambitions d’un mix de 50 % d’électrique annoncées par le constructeur sochalien lors du lancement du véhicule.
De leur côté, les constructeurs chinois tirent-ils leur épingle du jeu de cette redistribution des cartes ? Il parait encore trop tôt pour le dire. BYD, le plus ambitieux sur le marché des entreprises, avec son SUV Seal U et sa berline Seal, concurrents directs des Model Y et Model 3, a mis à la route chez les professionnels un peu moins d’un tiers de ses 1 627 immatriculations. Une relative belle performance dans l’absolu, mais qui affiche néanmoins un repli de 14,6 %. Pour sa part, MG reste fortement ancré auprès des particuliers. Les ventes sur le canal des entreprises sont assez semblables à celles de l’année dernière et ne représentent que 20 % de son portefeuille. Il est vrai que la gamme est en pleine restructuration : les nouveaux modèles électriques n’arriveront qu’au cours des prochains trimestres.
Dans le contexte actuel, difficile de prévoir les évolutions du marché dans les mois à venir. S’il est fort probable que la part de l’électrique progresse, poussée par la réglementation, les professionnels de la location longue durée observent néanmoins un ralentissement de la commande qui s’accompagne en parallèle d’un allongement des mensualités. Principalement sur les modèles non électriques.