Sur les traces de la « Princesse rouge » de la Route de la soie
Une équipe d’archéologues a réalisé une étonnante découverte sur le site de Shengjindian, à Turpan, dans le nord-ouest de la Chine. Alors qu’ils fouillaient un cimetière datant d’environ 2200 à 2050 avant J.-C, les chercheurs ont exhumé quatre squelettes dont celui d’une jeune femme dont les dents ont été recouvertes de pigments rouges. Selon les premières estimations, elle aurait vécu entre 202 avant J.-C. et 8 avant J.-C et serait décédée à l’aube de sa vingtaine. L’annonce a été partagée en février, dans la revue Archaeological and Anthropological Sciences.
Le cinabre, un minéral absent de la région du Xinjiang
D’après les experts, le pigment est constitué de cinabre, un minéral toxique composé de sulfure de mercure. Si les hommes l’utilisent lors des rituels funéraires ou comme peinture murale depuis au moins le IXe millénaire avant J.-C., son application directe sur la dentition est inédite : « Il s’agit du premier et du seul cas connu d’utilisation du cinabre pour colorer les dents dans l’Antiquité et dans le monde entier », explique le professeur américain de sciences biomédicales, Qian Wang, au média scientifique étasunien Live Science. Cette découverte est d’autant plus surprenante que le sol de la région du Xinjiang ne produit pas ce minerai. Pour les archéologues, cela s’explique parce que le lieu « faisait partie de la route de la soie», ces voies de communication où transitaient de précieuses marchandises comme les épices, les textiles ou les métaux.
Les chercheurs, ont extrait un échantillon du pigment et l’ont analysé en utilisant la spectroscopie, une technique d’analyse chimique. Les résultats ont révélé que le cinabre était probablement mélangé avec un liant d’origine animale, comme du jaune ou du blanc d’œuf afin qu’il puisse tenir sur les dents. Malgré les effets toxiques du mercure, les chercheurs n’ont observé aucune trace d’empoisonnement : « Il est possible qu’il n’ait pas été appliqué [sur ses dents] assez longtemps pour que la toxine soit concentrée à un niveau détectable » ,suppose le professeur Qian Wang.
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La princesse rouge de la route de la soie aurait porté des costumes assortis à ses dents
Les chercheurs ont surnommé la défunte femme « la Princesse rouge de la Route de la soie », en hommage à la « Reine rouge », une aristocrate maya vivant au VIIe siècle et dont le corps, couvert de cinabre, a été retrouvée au Mexique en 1994.
Appartenant au peuple gushi, on ne sait pas pourquoi la « Princesse rouge de la route de la soie » s’était peint les dents, même si le professeur Wang, pense que c’est « lié à des améliorations cosmétiques, au statut social ou à une sorte de combinaison ». Certains corps, fouillés dans le même cimetière, portaient des peintures faciales ainsi que des tatouages : « Il est possible que la Princesse rouge ait porté des peintures faciales, des tatouages, des coiffures distinctes ou des costumes assorties à ses dents rouges », estime le professeur.