Boxe : Donald Trump, JO 2028, «affectée mentalement»… Les confidences et ambitions d’Imane Khelif

Alors qu’il y a quelques jours, le président du Comité international olympique (CIO) – jusqu’à ce jeudi, date des élections pour déterminer son successeur – Thomas Bach avait pris sa défense dans des propos relayés par le journal anglais The Guardian en évoquant «une campagne de fausses informations en provenance de Russie » la concernant durant les derniers Jeux olympiques de Paris 2024, Imane Khelif a tenu elle-même à prendre la parole. Dans un entretien accordé à la chaine britannique ITV, la boxeuse algérienne, championne olympique des poids welters l’été dernier, est revenu sur la polémique entourant son genre avec fermeté. «J’ai remporté le titre, ce qui a été la meilleure réponse après tout le harcèlement que j’ai subi. Ma réponse aux Jeux olympiques de Paris a toujours été sur le ring, et ma médaille d’or a été la plus belle médaille de tous les Jeux. C’était une victoire significative à tous les niveaux : éthique, athlétique et même sportif.»

Imane Khelif entend bien, d’ailleurs, poursuivre sa carrière et conserver son titre à Los Angeles en 2028, maintenant que la boxe apparaît certaine de figurer au programme olympique après avoir été menacée d’en être exclu. «Je défendrai mon titre avec acharnement, avec la volonté de poursuivre mon rêve», affirme-t-elle, avec conviction. «J’ai beaucoup appris de cette campagne menée contre moi, et ce qui s’est passé aux Jeux olympiques de Paris a été une expérience révélatrice. Je me sens encore plus forte aujourd’hui qu’avant. Je crois que si l’ancienne Imane opérait à 50 % de son potentiel, l’Imane Khalif d’aujourd’hui est encore plus motivée et déterminée.»

Je ne suis pas transgenre, donc cela ne me concerne pas et ne m’intimide pas.

Imane Khelif

Quant au décret signé le mois dernier par Donal Trump - juste après sa prise de fonction à la Maison Blanche - interdisant aux femmes transgenres de pratiquer des sports féminins aux États-Unis, le président américain la prenant même en exemple en la qualifiant de «boxeur», l’Algérienne se veut claire : «Je vais vous donner une réponse directe : le président américain a pris une décision concernant la politique transgenre aux États-Unis. Mais je ne suis pas transgenre, donc cela ne me concerne pas et ne m’intimide pas.»

L’athlète de 25 ans est revenue cependant sur la manière dont elle a vécu toute cette polémique l’entourant : «J’étais profondément affecté mentalement et découragé. Ma mère aussi a été profondément affectée, elle allait à l’hôpital presque tous les jours. Mes proches ont également été touchés, et tout le peuple algérien a ressenti le poids de la situation. Cela a dépassé le cadre d’un simple incident sportif ou d’un match. Cela a dégénéré en une campagne médiatique majeure qui aurait pu avoir de graves conséquences sur moi, ma famille et mon bien-être psychologique. Heureusement, j’ai bénéficié du soutien et de l’assistance d’une équipe de médecins spécialistes. Sans leur soutien, j’aurais pu sombrer dans la dépression.»

L’IBA mise au ban de l’olympisme

Sans se cacher, Imane Khelif évoque également sa disqualification en 2023 par l’Association internationale de boxe (IBA) qui, à la suite d’un test sanguin, l’avait déclaré inéligible pour combattre en tant que femme. Le CIO a néanmoins invalidé le résultat de ces tests pour l’autoriser à participer aux JO 2024, une compétition qu’il organisait lui-même après avoir écarté l’IBA. «L’IBA n’est plus reconnue par le CIO, ce qui signifie que cette fédération manque de crédibilité et n’est pas digne de confiance au sein des Jeux olympiques... À ce stade, je peux dire que l’IBA est une chose du passé.» Avant de conclure, sur une note d’espoir : «J’espère que le prochain président du CIO fera preuve d’un véritable esprit sportif, restera attaché aux principes olympiques et défendra les valeurs du fair-play.»