À Nantes, des sifflets «repousse relou» distribués pour lutter contre l’insécurité

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Des sifflets qui seront distribués à partir du 24 février 2025 dans 17 commerces de Canclaux, à Nantes (Loire-Atlantique). Destinés aux jeunes du quartier, ils ont vocation à donner l’alerte en cas d’agression. Photographee.eu - stock.adobe.com

«On ne voulait plus que les enfants du quartier et leurs proches aient la boule au ventre à chaque sortie», affirme la présidente de l’association à l’origine de cette initiative.

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L’initiative du désespoir ? Face aux incivilités et aux agressions observées dans le quartier d’ordinaire paisible de Canclaux, dans le centre de Nantes, des habitants ont fait le choix de s’investir pour tenter, à leur échelle, de faire bouger les lignes. À l’initiative de l’association des commerçants de Canclaux, un lot de 100 sifflets «Repousse relou» est en cours de distribution au sein de 17 boutiques du secteur. Ils seront tous gratuitement mis à la disposition des adolescents du secteur.

De forme rectangulaire, pensés pour être gardés autour du cou sans donner l’impression d’imiter un coach sportif, les sifflets beige à l’allure de domino pourront être récupérés dès la fin des vacances d’hiver de la zone B, le 24 février. «Ils seront confiés avec un message de pédagogie, pour pas qu’ils soient utilisés à tout bout de champ. Nous voulons en faire un outil d’alerte en cas d’agression, pour avertir d’une menace imminente», indique au Figaro Karine Neveu, président de l’association des commerçants de Canclaux.

«Inquiétude résiduelle»

Gérante d’un tabac situé à proximité de plusieurs établissements scolaires, la professionnelle a été marquée par l’irruption de la violence dans son quartier, ces derniers mois. «Les sifflets, c’est une manière d’aider comme on peut. On ne voulait plus que les enfants du quartier et leurs proches aient la boule au ventre à chaque sortie», précise Karine Neveu. Les premiers échos de familles de Canclaux sont positifs. «Après avoir annoncé cette initiative, plusieurs parents m’ont confié être intéressés par les sifflets, parce qu’ils avaient encore peur pour leurs enfants, ajoute la présidente de l’association. Il y a une inquiétude résiduelle qui est encore là».

À la demande de l’association des commerçants de Canclaux, le fabricant a ajouté une griffe plus locale aux sifflets qui seront distribués à partir du 24 février. Karine Neveu

Historiquement paisible, chic et sans histoire, le quartier a connu un automne difficile. Dans un déchaînement de violence collective, une bande de sept adolescents a volé et agressé 19 jeunes aux abords des lycées du quartier, filmant chacun de leurs actes et faisant régner un climat de terreur parmi les familles de ces rues résidentielles.

L’arrestation du groupe, en décembre, a fait redescendre la tension à Canclaux. Mais une inquiétude latente s’est désormais installée dans les familles. Les commerçants n’ont pu se décider à rester les bras croisés, à attendre passivement le prochain fait divers. Proposée par le vice-président de l’association des commerçants, Jean-Jacques Boucard, l’idée des sifflets a plu. Une action parmi d’autres des professionnels du quartier, également à l’origine d’autres initiatives locales, comme l’organisation de vide-greniers ou l’installation prochaine d’une boîte à livres.

La fabrication des sifflets a été commandée cet hiver à une entreprise spécialisée dans l’impression 3D. Pour surligner l’amour que les commerçants portent malgré tout à leur secteur, l’inscription «Repousse relou» des sifflets a été doublée, à la demande de l’association, d’un cœur rose, associé au nom du quartier. Car quitte à emporter l’objet partout, autant le faire aux couleurs de Canclaux. Pas certain, en revanche, que cela suffise à couper le sifflet de la délinquance nantaise.