«Il y aura forcément des petits blocages sur les routes» : à quoi s’attendre pour la mobilisation de la Coordination rurale, dimanche

Objectif : «renverser la table». La Coordination rurale a maintenu son appel à manifester à «Paris» et «partout en France» à partir de dimanche, jugeant la date de rencontre avec le premier ministre François Bayrou, qui leur a donné rendez-vous le 13 janvier, encore trop lointaine. Un mouvement qui pourrait perturber les retours dans la capitale de nombreux vacanciers.

«On nous propose un rendez-vous avec François Bayrou le lundi 13 janvier. Ils se moquent de nous, ils ne font que gagner du temps. Il n’y a pas de volonté d’avancer», a ainsi tancé vendredi Patrick Legras, porte-parole de la Coordination rurale, auprès de l’AFP. «On maintient notre appel à manifester, partout en France, (...) à monter sur Paris, en voiture ou en tracteur. L’idée est d’y être dimanche après-midi pour manifester lundi», a encore poursuivi le porte-parole. 

Des «dizaines de tracteurs»

« Nous mettons en place un dispositif et nous attendons ce dimanche des dizaines de tracteurs, des camionnettes ou des voitures pour faire des actions de contrôle de camions frigorifiques ou des opérations coup de poing symboliques, a commenté Patrick Legras, porte-parole de la CR, auprès du Figaro . «Elles auront lieu dans Paris, autour de la capitale et dans les régions», poursuit le leader syndical sans donner volontairement plus de détails. 

Dans les faits, des tracteurs partiront principalement de l’Île-de-France et ses environs comme la Normandie, ou le Loir-et-Cher, pour se positionner autour de Paris, assure RMC. «Ce ne sera pas sur la barrière stratégique de Saint-Arnoult en ce jour de retour de vacances, ni sur le périphérique», précise James Boucher, éleveur de fraises en Sologne et coorganisateur de l’action, auprès de la radio. «Il y aura forcément des petits blocages sur les routes, des ralentissements qu’on va essayer de limiter au maximum. On part avec des abris pour dormir pour trois jours, quatre jours, cinq jours», détaille encore l’éleveur. 

«Signer des engagements»

«Ce qu’on veut, c’est des mesures qui vont nous permettre de continuer à travailler sans que ça nous coûte plus cher», a précisé la présidente de la Coordination rurale, l’éleveuse laitière Véronique Le Floc’h sur RTL vendredi, poussant notamment pour un «bouclier énergétique» et la révision du calcul des charges sociales des agriculteurs.«On souhaite que la crise agricole, qui dure depuis un an, aboutisse enfin à des mesures concrètes. Les gouvernements successifs nous baladent avec leurs promesses. On n’a pas obtenu grand-chose. On demande au premier ministre et à la ministre de l’Agriculture de signer des engagements», a complété Patrick Legras.

Nouveaux rapports de force

«Nos adhérents et les sympathisants se préparent et nous on rentre en campagne électorale le 7. Donc il nous reste le (dimanche) 5 (janvier), il nous reste le (lundi) 6», a précisé de son côté Véronique Le Floc’h. Cet appel intervient en effet à quelques jours du lancement officiel de la campagne pour les élections aux chambres d’agriculture, qui débute le 7 janvier. Le vote, qui aura lieu en ligne ou par correspondance du 15 au 31 janvier, déterminera les nouveaux rapports de force entre les syndicats agricoles. Un des enjeux de ce scrutin sera de voir jusqu’à quel point la CR, dont les bonnets jaunes ont gagné en visibilité depuis la crise de l’hiver dernier, peut bousculer l’hégémonie de l’alliance majoritaire FNSEA-Jeunes Agriculteurs, qui a également sollicité «un rendez-vous en urgence» auprès de François Bayrou après sa nomination. Coutumière des actions coup de poing, la CR veut obtenir des garanties du Premier ministre pour la défense d’une «exception agriculturelle» française, axée sur la défense des petits exploitants qu’elle estime broyés par le libre-échange. 

La pression des manifestations à venir risque cependant d’être moins forte que lors des mobilisations massives de janvier 2024 : cette fois-ci, un seul syndicat a appelé à la mobilisation.