Ce que veut dire le costume très symbolique que portait Xi Jinping lors de la parade militaire à Pékin

L’image fait déjà le tour du monde : le président chinois, Xi Jinping, a reçu hier, place Tiananmen à Pékin, son homologue russe Vladimir Poutine et le chef suprême de la Corée du Nord, Kim Jong-un (mais aussi une vingtaine d’autres dirigeants étrangers). L’occasion? Une spectaculaire parade militaire, la plus grande jamais organisée par la Chine, pour célébrer la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Entouré de leaders politiques tous habillés à l’occidentale - y compris Kim Jong-un, pourtant habitué de la tenue militaire -, le chef d’État chinois tranché sur la photo, dans son costume Zhongshan en laine grise. Une manière de s’inscrire dans une lignée de dirigeants chinois, puisque c’est le même que portait Mao Zedong. Un style aussi ancien que la Chine moderne elle-même, puisque c’est Sun Yat-sen, le «père de la nation», qui l’introduit en 1912 comme une forme de rupture avec la mode en vigueur sous la dynastie Qing, plus colorée. Empruntant sa forme au costume occidental, le costume Zhongshan de Sun Yat-sen se différencie par son boutonnage intégral (les boutons représentant, selon la légende, les cinq branches du gouvernement chinois), son col rabattu (contrairement à ce qu’on appelle le col Mao, popularisé par Jack Lang en France dans les années 1980, qui est droit) et ses quatre poches symbolisant les vertus de la bienséance, de la justice, de l’humilité et de l’honnêteté.

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Rapidement, dans les années 1920, les élites chinoises s’approprient ce vêtement. Mais ce n’est qu’avec Mao Zedong, dès 1949, qu’il devient l’emblème de la République populaire de Chine, symbole de la nouvelle ère culturelle et politique dans laquelle le pays s’inscrit. Il habille alors les hommes chinois au quotidien. Il perd de son influence au cours des années 1980 puis 1990, lorsque les diplomates chinois commencent à s’habiller à l’occidentale, sous fond d’ouverture à l’international. Mais est toujours porté lors d’occasions spéciales (Hu Jintao, le prédécesseur de Xi Jinping, l’avait ainsi adopté lors du 60e anniversaire de la République populaire de Chine en 1949), avant d’être définitivement remis au goût du jour sous l’impulsion de Xi Jinping qui l’arbore régulièrement lors de cérémonies dans le pays. Il n’est également pas rare de voir des ambassadeurs troquer le costume occidental contre le Zhongshan lors de cérémonies officielles...

Xi Jinping porte un toast après son discours lors de la réception au Grand Hall du Peuple de Pékin, le 3 septembre. Florence Lo / REUTERS

Ce 3 septembre, le choix de Xi Jinping n’a rien d’étonnant : le président chinois suit des règles assez claires quand il s’agit de s’habiller. Le Zhongshan est ainsi réservé aux célébrations liées au parti communiste chinois et aux parades militaires, et, plus largement, à tout évènement qui concernerait les troupes armées. Et opte pour le costume classique pour les visites d’état et rencontres avec des dirigeants étrangers, même lorsque celles-ci se produisent en Chine - à l’instar de la réception donnée, le soir même, au Grand Hall du Peuple de Pékin, pour laquelle il avait choisi un complet bleu et une cravate rouge.