Mort du Pape : «Courageux», «révolutionnaire», la presse française et internationale pleure François

La mort d’un pape est un fait rare, et donc exceptionnel. Celle de François, des suites d’un AVC, n’a pas pris de court les rédactions mondiales. Sa lente agonie, médiatisée pendant de longues semaines, leur avait laissé le temps de préparer cet événement. Les nécrologies étaient prêtes. Les Unes aussi, sans doute. Au matin du 22 avril, elles laissent entrevoir toute l’émotion d’un monde qui perd son pasteur. En France, elles sont unanimes : chaque quotidien national et régional rend hommage au défunt pontife en première page. «Adieu», titre sobrement Le Figaro, laissant une photo du Saint-Père souriant prendre toute la place.

Les autres quotidiens français appuient chacun sur une caractéristique de l’évêque de Rome qui a marqué son pontificat. «Le pape du peuple», titre Le Parisien. «Le pape des pauvres», renchérit Ouest-France. La Croix insiste sur sa volonté de «réformer l’Église», quand l’Humanité salue son combat pour «la paix», mais aussi pour «les migrants». Même son de cloche chez Libération, qui choisit de mettre en avant son engagement pour «les pauvres», «les migrants» et «l’écologie». «Perdimus papam (nous perdons un pape)», titre le journal, avec une belle photo de dos, en noir et blanc.

La Une du jour de Libération. Libération

La presse régionale n’est pas en reste. Les journaux des trois villes françaises où François s’était rendu durant son pontificat, Strasbourg, Marseille et Ajaccio, consacrent évidemment leur Une au défunt pontife, avec des photos de ses visites. «François, un pape bien ancré dans son époque», titre L’Est républicain. «Le pape du monde», écrit La Provence, qui lui consacre 13 pages, alors que le pontife avait réuni plus de 60.000 fidèles lors d’une messe exceptionnelle au Vélodrome en septembre 2023. «L’ultimu viaghju (le dernier voyage)», titre de son côté Corse Matin. En décembre 2024, François s’était rendu sur l’île de beauté. On l’ignorait encore, mais il s’agissait alors de son dernier voyage à l’étranger.

L’Europe à l’unisson

Plus largement, toute l’Europe s’est réveillée ce matin avec des images du Saint-Père plein les kiosques. L’Italie, pays des Papes, consacre évidemment ses Unes et de nombreuses pages au «pape des plus démunis». C’est le titre qu’ont choisi le quotidien de référence Corriere Della Sera et La Gazzetta del Mezzogiorno : «Il papa degli ultimi», littéralement «le pape des derniers» ou «des plus à l’écart de la société». Le quotidien du Vatican, l’Osservatore Romano, s’est également distribué en grand nombre dès lundi soir.

La Une de l’Osservatore Romano. Osservatore Romano

«Un ’outsider’ avec la mission de changer l’Église catholique», titre le quotidien anglais The Times. Dans un pays dominé par l’Église anglicane, le chef des catholiques prend toute la place. Détail amusant, trois des plus grands quotidiens britanniques publient la même photo du pontife en Une, puisque The Guardian et The Daily Telegraph ont choisi la même que le Times, tout comme le journal écossais The Scotsman.

Les Une des quotidiens britanniques. Kiosko

En Allemagne, «le monde pleure le pape François», titre Die Welt, le plus grand quotidien du pays. «Mort d’un réformateur», affiche l’autre référence allemande, Frankfurter Allgemeine Zeitung. L’Espagne, qui a décrété trois jours de deuil national, salue «un pape courageux», par la voix de La Vanguardia, tandis qu’El Mundo rend hommage au pontife «qui a bouleversé l’Église et a voulu donner la parole aux exclus».

La Une des quotidiens espagnols. Kiosko

L’Argentine pleure «son» Pape

De l’autre côté de l’Atlantique, la presse américaine rend hommage d’une seule voix au pape François, qui s’est beaucoup opposé au président Donald Trump et à sa politique sur l’immigration. «Le pape révolutionnaire qui a remodelé l’Église», titre le New York Times, quand le Washington Post souligne également son approche réformatrice.

Les Unes des quotidiens américains. Kiosko

L’Argentine, pays de naissance de François, se montre aussi bouleversée par la mort du premier Pape né sur le continent américain. «Adieu, François», écrit La Capital, en publiant une photo du pontife souriant, une colombe posée sur sa main. Photo également choisie par Rio Negro pour rendre hommage au «pape du bout du monde». Même dans les pays de culture beaucoup moins catholique, le pape François s’affiche en grands dans les journaux locaux, comme en Chine, en Inde, ou encore en Corée du Sud.