Qui est Serge Atlaoui, ex-condamné à mort en Indonésie et libéré de prison en France ce vendredi ?

Serge Atlaoui est miraculeusement sorti du couloir de la mort, où il a passé plus de 17 ans, en Indonésie, le 5 février dernier. L’artisan soudeur de 61 ans originaire de Metz, dans le nord-est de la France, a été rapatrié en France, en raison de la détérioration de son état de santé. Il avait ensuite été transféré dans la maison d’arrêt du Val-d’Oise à Osny. En autorisant le retour de Serge Atlaoui, Jakarta a laissé la liberté au gouvernement français d’accorder «sa clémence, une amnistie ou une réduction de peine» au seul Français qui était condamné à mort dans l’archipel. Ce vendredi 18 juillet, Serge Atlaoui est finalement sorti de prison. «Il va respirer une liberté attendue, espérée depuis tant d’années», a déclaré sa femme Sabine Atlaoui sur RTL. Un soulagement pour sa famille, qui s’est battue pendant toutes ces années pour le faire libérer en Indonésie, puis en France.

Le 11 novembre 2005, Serge Atlaoui est arrêté lors du démantèlement d’un laboratoire clandestin d’ecstasy, dans la banlieue de Jakarta. Une trentaine de personnes sont interpellées, dont un Néerlandais et cinq Chinois. Le Français soutient alors n’avoir fait qu’installer des machines dans ce qu’il croyait être une usine d’acrylique et assure avoir accepté ce travail au noir deux mois plus tôt pour rembourser un prêt bancaire contracté pour s’offrir un pavillon. Si la tâche est physiquement éprouvante, elle permet à Serge Atlaoui de gagner 2000 euros par semaine.

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À Paris Match, l’épouse de l’artisan soudeur, Sabine Atlaoui, confie que son mari part pour une première mission durant six semaines et travaille dans une usine «vide». Puis, il y retourne une seconde fois, pendant deux matinées, et sent rapidement le vent tourner en assistant à une conversation. Mais la police intervient dans la foulée.

Avant d’arriver en Indonésie, le Français a longuement travaillé pour l’usine Renault véhicules industriels à Annonay, en Ardèche. Puis dans des usines du Nord et de Lorraine. L’année de son arrestation, Serge Atlaoui part avec sa femme aux Pays Bas, et lance son activité à son compte.

Des années de démarches pour le libérer

Initialement condamné à la prison à vie, Serge Atlaoui voit la Cour suprême alourdir la sentence, le condamnant à la peine capitale en appel en 2007. Il est ensuite incarcéré sur l’île-prison de Nusakabangan. L’affaire fait alors grand bruit en Indonésie, où la législation antidrogue est l’une des plus sévères du monde. Aujourd’hui, le pays compte actuellement au moins 530 condamnés dans le couloir de la mort. Parmi eux, plus de 90 étrangers, selon le ministère de l’Immigration et des services correctionnels.

Après la condamnation à mort de Serge Atlaoui, Sabine - qu’il a épousée en prison en 2007 -, épaulée par l’association «Ensemble contre la peine de mort» (ECPM), multiplie les démarches pour sauver son mari. Elle écrit à Robert Badinter, à l’origine de l’abolition de la peine de mort en France et rencontre des conseillers du président Sarkozy. Quand ses finances le permettent, Sabine Atlaoui rend visite à son mari en Indonésie. En 2011, le quatrième fils du détenu et premier enfant du couple, conçu en prison, naît.

En 2015, il échappe à son exécution

La famille garde espoir. Mais en 2014, le nouveau président indonésien Joko Widodo rejette toutes les demandes de grâce des condamnés à mort pour trafic de drogue. Un an plus tard, le Français doit être exécuté aux côtés de huit autres condamnés. Finalement, il obtient in extremis un sursis temporaire après que Paris a intensifié la pression, les autorités indonésiennes ayant accepté de laisser un appel en suspens suivre son cours.

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Depuis, Serge Atlaoui a épuisé toutes les voies de recours et même si Jakarta a suspendu les exécutions depuis 2016, il reste condamné à mort. Son quotidien est rythmé par les lectures, son suivi de l’actualité française et les appels de sa famille. «C’est un lien indispensable pour qu’il se sente en vie, qu’il ne se laisse pas envahir par le couloir de la mort», notait Sabine Atlaoui auprès de l’AFP en 2020.

Malade, Serge Atlaoui est ensuite transféré dans la prison de Salemba, à Jakarta pour suivre jusqu’à récemment chaque semaine un traitement dans un hôpital de la capitale. Voyant son état se dégrader trop rapidement, la France a officiellement demandé le 19 décembre dernier le transfèrement du condamné à l’Indonésie. Ce qui a finalement été accordé ce jeudi 23 janvier.

Mardi 4 février, vers 19h35 heure locale (13h35 en France), Serge Atlaoui a quitté l’Indonésie après avoir été extrait de la prison de Salemba à Jakarta. Il a été escorté par trois policiers français. Avant son départ, il a dû participer à une conférence de presse à l’aéroport de Jakarta, aux côtés de l’ambassadeur de France Fabien Penone et d’un responsable au ministère indonésien en charge des Affaires juridiques et des droits humains. Masque sur la bouche et casquette noire, Serge Atlaoui est resté muet durant toute la conférence. Son avion a atterri vers 10 heures à l’aéroport Charles-de-Gaulle, à Roissy, le lendemain, mettant fin à des années de calvaire.