Droit aux vacances : l’État doit-il en être le garant ?

Alors que l’été s’installe, des millions de Français ne partiront pas en vacances. Pourquoi ce droit, pourtant conquis de haute lutte, reste-t-il si inégalement appliqué ? Trois acteurs de terrain, Henriette Steinberg, Nicolas Cano et Michelle Demessine, rappellent l’histoire de ce combat, alertent sur les reculs actuels et appellent à une mobilisation collective pour reconstruire un droit effectif aux vacances pour tous.

Parmi les personnes aidées par le Secours populaire, qui sont aujourd’hui les plus éloignées du droit aux vacances ?

Henriette Steinberg

Henriette Steinberg

Présidente du Secours populaire français (SPF)

Ce sont surtout les enfants de parents sans emploi. Et même quand les deux parents travaillent, les salaires sont parfois trop faibles pour financer des vacances, surtout dans les familles monoparentales. La situation empire.

C’est ce constat qui a motivé la création des Journées des oubliés des vacances. Chaque 15 août, on sait que les enfants qui ne sont pas partis ne partiront pas. Alors on organise une grande journée, comme cette année au Champ-de-Mars, pour leur offrir une vraie expérience de vacances : culture, sport, musique…

Et surtout, leur montrer qu’ils ne sont pas seuls. Ces moments sont essentiels : ils valorisent les enfants, leur permettent de rentrer à l’école avec des souvenirs à raconter, comme les autres. Cela a un impact sur eux, sur leurs familles, et sur l’ambiance générale en classe. Quand il n’y a rien à raconter, on démarre mal l’année.

Quel rôle joue l’Ancav pour permettre à un maximum d’enfants, de salariés ou de familles modestes de partir en vacances ?

Nicolas Cano©Julien Millet/CCAS

Nicolas Cano

Président de l’association nationale de coordination des activités de vacances, sport et culture (Ancav-SC)

L’Ancav, créée historiquement par la CGT, la confédération et cinq grandes fédérations, coordonne les actions en faveur du droit aux vacances, au sport et à la culture.

Elle fédère les comités d’entreprise (CE), soit parce qu’ils possèdent des installations, soit parce qu’ils choisissent d’aider financièrement les départs. Le frein principal reste l’argent : beaucoup de familles n’ont pas les moyens de partir.

Ce droit a pourtant évolué depuis 1936, avec les congés payés d’abord, puis la création des CE, qui ont fortement soutenu le tourisme social. Mais, depuis la transformation des CE en comités sociaux et...