COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan : "menacée" par la corruption, une "perte de temps"... Des voix dénoncent la main mise du secteur des énergies fossiles sur le sommet

Le sommet de l'ONU sur le changement climatique "risque d'être minée par des influences inappropriées d'entreprises et capturée par le secteur des énergies fossiles", mettent en garde l'ONG Transparency International et le collectif Anti-corruption data collective. Dans un rapport publié mercredi 31 octobre, ces acteurs de la société civile dénoncent "la corruption et la kléptocratie [qui] menacent aussi l'intégrité des conférences sur le climat, y compris la prochaine COP29 à Bakou", qui débute le 11 novembre, en Azerbaïdjan.

Selon ce rapport, le pays, grand exportateur d'hydrocarbures, "illustre clairement plusieurs risques pour l'intégrité des conférences climat de l'ONU", expliquent les ONG, citant "son gouvernement autocratique, son vaste secteur des énergies fossiles et son niveau élevé de corruption du secteur public".

Le rapport de l'ONG Transparency International et du collectif Anti-corruption data collective critique les liens entre la présidence de la COP et la compagnie nationale d'hydrocarbures, la SOCAR, dont est notamment issu Moukhtar Babaïev, président de la COP29. Le sommet "risque de devenir un nouveau forum pour les contrats et la diplomatie des énergies fossiles", au moment où "la SOCAR mène une stratégie d'expansion régionale des énergies fossiles", pointe le rapport. "L'organisation de la COP29 est déjà utilisée pour promouvoir des entreprises en lien avec la famille au pouvoir en Azerbaïdjan et d'autres proches du régime", avance-t-il. 

Un sommet des "grands pollueurs" 

Dans un entretien à l'AFP, le ministre des Affaires étrangères de Papouasie-Nouvelle-Guinée, Justin Tkatchenko, a quant à lui annoncé que son pays boycottait la conférence sur le climat.  "Il ne sert à rien d'y aller si nous nous endormons à cause du décalage horaire, parce que nous ne ferons rien", a déclaré le ministre papouan, dénonçant le "manège qui a consisté à ne rien faire du tout au cours des trois dernières années" et qualifiant le sommet de "perte de temps." 

Tous les grands pollueurs du monde promettent des millions de dollars pour aider à lutter contre le changement climatique. Je peux déjà vous dire que tout cela va être confié à des consultants. Pourquoi dépensons-nous tout cet argent pour nous rendre à l'autre bout du monde et participer à ces 'colloques'?" 

Justin Tkatchenko

ministre des Affaires étrangères de Papouasie-Nouvelle-Guinée

Une main mise sur les négociations des industries les plus émettrices de gaz à effet de serre aussi dénoncée par la Papouasie-Nouvelle-Guinée, pays qui "cherchera plutôt à conclure ses propres accords sur le climat par le biais de discussions bilatérales", a fait savoir le ministre, précisant que des négociations étaient déjà en cours avec d'autres nations de la région. "Avec des pays aux vues similaires comme Singapour, nous pouvons faire 100 fois plus que la COP", a-t-il assuré.


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