L'Allemagne veut investir plusieurs centaines de milliards d'euros dans sa défense et son économie

Des annonces sans précédent. En Allemagne, les partis conservateur et social-démocrate, qui négocient la formation du futur gouvernement après les élections législatives anticipées, ont annoncé mardi 4 mars vouloir réaliser des investissements sans précédent de plusieurs centaines de milliards d'euros, pour renforcer la défense et l'économie du pays.

"Compte tenu des dangers qui menacent notre liberté et la paix sur notre continent, le mot d'ordre pour notre défense doit être : quoi qu'il en coûte !" a déclaré le futur chancelier allemand Friedrich Merz, vainqueur des récentes élections fédérales. Une référence à des propos tenus en 2012 par Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne, pour défendre l'euro à tout prix durant la crise de la dette.

Concernant la défense, les deux formations politiques vont demander la semaine prochaine un vote au Bundestag pour s'affranchir des règles nationales constitutionnelles limitant le déficit budgétaire public. Les dépenses de défense dépassant le seuil de 1 point de pourcentage du PIB allemand, soit 45 milliards d'euros environ, pourront être votées sans tenir compte du mécanisme dit du "frein à l'endettement". 

Une aide à l'Ukraine bientôt débloquée ?

Ces annonces s'inscrivent dans la lignée de la prise de distance des Etats-Unis, et de la suspension de l'aide militaire américaine à l'Ukraine. "Les temps sérieux exigent des mesures très sérieuses", a souligné le responsable conservateur Markus Söder. "Nous envoyons un signal aux amis et aux ennemis : l'Allemagne est là. L'Allemagne ne se retire pas. Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour protéger, renforcer l'Allemagne. Et faire avancer l'Europe", a-t-il ajouté.

Le futur chancelier conservateur a en outre annoncé vouloir obtenir un accord pour débloquer une aide militaire supplémentaire pour l'Ukraine, comprise entre 3 et 3,5 milliards d'euros. "Nous partons du principe que les fonds vont être rapidement débloqués", a-t-il dit. Ils étaient planifiés depuis l'année dernière mais avaient été gelés par le chancelier social-démocrate, Olaf Scholz.

En parallèle, conservateurs et sociaux-démocrates se sont mis d'accord sur un gigantesque plan de subventions publiques pour améliorer les infrastructures et la "compétitivité économique" du pays. Le retour à la croissance, dans un pays en récession, est perçu comme la condition pour pouvoir financer les nouvelles dépenses dans la défense.