PSG : Donnarumma/Safonov, à quoi joue Luis Enrique ?

Le retour de la guerre des goals ? Jusqu'à l'avènement de Keylor Navas, le PSG a souvent eu le don de prendre les mauvaises décisions au poste de gardien depuis la prise de contrôle de QSI. Et encore, les Rouge et Bleu ont trouvé le moyen de jeter le portier costaricien sous le bus en recrutant Gigio Donnarumma, en 2022. Ils venaient pourtant de prolonger le premier nommé… Après une saison d'alternance, le portier italien a enfilé le costume de numéro 1, et ne l'a plus lâché depuis, Navas ayant été bazardé comme un malpropre. Et ce même si son jeu au pied médiocre n'est que moyennement adapté au style de Luis Enrique. Dans cette optique, le recrutement du portier espagnol Arnau Tenas avait du sens à l'été 2023, même si le champion olympique de 23 ans n'a sans doute que le jeu au pied pour concurrencer Donnarumma. Une doublure.

Ou pas. Car le Paris-SG a choisi de recruter à ce poste. Un titulaire en puissance ? Un joueur «Luis Enrique compatible» ? Rien de tout cela. Contre toute attente, Paris a déboursé 20 M€ sur Matfey Safonov cet été. Un gardien de 25 ans, titulaire en sélection russe et qui est arrivé sur les bords de la Seine «pour se battre. Numéro 2 ? Je ne me vois pas comme ça. J'ai envie de jouer. Si je commence la saison sur le banc, ce ne sera pas facile pour le numéro 1». 20 M€, c'est une somme élevée pour un gardien, même pour le PSG. Encore plus pour un numéro 2.

Surtout, ce n'est pas à lui qu'on aurait pensé naturellement pour coller au style Luis Enrique. «Ce n'est ni Ederson, ni David Raya, ni Alisson Becker ou Marc-André Ter Stegen»décryptait Christophe Lollichon il y a quelques semaines, pour Le Figaro, décrivant «un gardien qui fait des arrêts, qui est parfois même trop spectaculaire» et qui, à l'image de Donnarumma, est «plus réactif plutôt que proactif». L'ex-entraîneur des gardiens de Chelsea relevait toutefois que Safonov est «meilleur» que Donnarumma dans les airs. «Il a une très bonne appréciation des trajectoires et va très vite au démarrage, même si sa position de départ est très améliorable», déclarait Lollichon, soulignant la «vitesse gestuelle exceptionnelle» de Safonov, ses «réflexes importants» et sa faculté à aller «très vite au sol».

«Petit avantage» pour Safonov dans le jeu au pied

Et pour le jeu au pied ? L'ancien de Krasnodar «a un jeu au pied de bon niveau sans que ce ne soit un vrai plus pour le PSG. Il y a un petit avantage dans ce domaine, mais techniquement, il s'embrouille un petit peu parfois aussi, il en fait de belles… Il y a quand même plus de fluidité chez Safonov que Donnarumma», résumait Lollichon, glissant au passage que «ce n'est pas dur d'être meilleur» au pied que le portier international italien (69 sélections) de 25 ans.

Il n'en demeure pas moins que Gigio Donnarumma a débuté la saison en tant que titulaire. Avec ses qualités et ses défauts. On ne le découvre plus : le champion d'Europe 2021 est très fort sur ses points forts (les arrêts sur sa ligne)… et très faible sur ses points faibles (lecture, jeu au pied et dans les airs). Contre Arsenal (défaite 2-0), ses limites ont (encore) coûté cher. Pas la première fois en C1… Matfey Safonov, lui, n'a disputé que trois matchs (Gérone, Reims, Rennes), quand son rival italien était indisponible. Jusqu'à samedi. 

C'est en effet le Russe qui a débuté face à Lens (1-0), à quelques jours d'un duel important face à l'Atlético, ce mercredi (21h), lors de la quatrième journée de C1. L'Italien était dans le groupe et apte. Connaissant les habitudes de Luis Enrique en la matière, il ne fallait pas spécialement s'attendre à une justification de sa part. Le coach espagnol ne donne jamais d'explication sur son 11, si ce n'est pour dire qu'il a besoin de 23 joueurs, pas 11, et qu'il a donc besoin de concerner tout son effectif en répartissant les temps de jeu. On n'est jamais à l'abri d'une surprise. La preuve.

Je crois que Safonov a permis de générer une certaine supériorité, il a été très bon.

Luis Enrique après PSG-Lens

L'ancien entraîneur du FC Barcelone a en effet explicité son choix. Une sanction, comme pour Ousmane Dembélé écarté avant Arsenal ? Non. Un choix tactique. «Je savais qu'on aurait beaucoup de difficulté en raison du pressing de Lens, un pressing très haut. Le seul joueur libre dans ce cas, c'est le gardien»a déclaré «Lucho» en conférence de presse. Et d'ajouter : «Je crois que Safonov a permis de générer une certaine supériorité, il a été très bon. Ce n'était pas simple pour lui mais je suis très content de sa performance».

En clair, Luis Enrique juge que Matfey Safonov est plus adapté pour évoluer face à une équipe qui presse haut et fort sur la ligne défensive. Et de facto, qu'il a un meilleur jeu au pied que Gigio Donnarumma ? «Non», a corrigé le technicien asturien, pas à une contradiction près. En attendant, Safonov n'a pas spécialement excellé dans le jeu au pied. 12 passes ratées samedi soir, sur 44… «La supériorité est générée quand un adversaire impose une grosse pression dans la moitié de terrain adverse. Mais l'adversaire doit attaquer le gardien et ça permet de laisser un joueur libre sur le terrain. La majeure partie du temps, on a trouvé des solutions et ça s'est transformé en occasion de but. Safonov n'a commis aucune erreur. Parfois, c'est un peu plus précis, savoir si l'attaquant reçoit ou non le ballon n'a pas trop d'importance. Mais Safonov est un joueur très complet et je crois qu'on a fait un très bon match dans ces situations de jeu difficiles», a évalué Luis Enrique.

Luis Enrique, une idée derrière la tête

Une chose est sûre : le coach parisien n'a pas fait cette sortie par hasard. Il ne s'explique jamais, il l'a fait cette fois, c'est pour une bonne raison. Reste à savoir laquelle. Quel était le message, le but, le plan de l'Espagnol ? Actuellement en négociations avec le club de la capitale pour une prolongation de contrat, Gigio Donnarumma doit se poser la même question. À voir si le profil de l'Atlético correspond davantage aux qualités de l'ancien Milanais que celui du RC Lens, puisque c'est visiblement comme cela que Luis Enrique va choisir son gardien titulaire désormais. «Mes actes en disent plus que mes mots», répète-t-il à l'envi. Sa décision sera donc scrutée avec la plus grande attention.

Mardi, il était encore temps d'attendre. «Vous le découvrirez demain (ce mercredi). Après un bon capuccino, je déciderai (mercredi) matin qui sera le gardien que j'estimerai le plus à même de jouer. Les trois (Donnarumma, Safonov et Tenas) sont prêts à jouer, c'est ça le plus important. Si l'un d'entre eux se réveille avec de la fièvre, qu'un des trois est malade, que fait-on ? On pleure, on rit ? (Mercredi) matin, on vérifiera d'abord que tout le monde va bien. Et ensuite, on décidera de qui seront les 11 chanceux qui démarreront le match. Mais tout le monde est un numéro 1»promet-il. Lui aussi présent en conférence de presse J-1, Willian Pacho n’avait pas très envie de se mouiller : «Je me sens très bien avec les deux, très tranquille, ce sont des gardiens incroyables. Celui qui jouera demain le fera au mieux».

Dans tous les cas, Luis Enrique a toujours la même «obsession : que tous les joueurs puissent jouer. Je veux que Safonov soit autant préparé que Donnarumma ou Tenas pour jouer à tout moment. C'est le cas pour les gardiens mais aussi pour tous les autres joueurs. Je travaille à cela au quotidien. Parfois j'y arrive, parfois non. Mais j'aime cela, j'aime voir les joueurs prêts». À voir qui bénéficiera des faveurs du toujours surprenant coach espagnol pour ce match capital.